France

Présidentielle américaine : «Il faut que la justice puisse trancher», fait valoir Marine Le Pen

Si, de gauche à droite, de nombreux politiques français ont salué l'annonce par la presse de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, Marine Le Pen attend que la justice tranche sur les recours concernant de potentielles fraudes.

A rebours de la majorité de la classe politique française, la leader du Rassemblement national (RN) considère prématuré de considérer Joe Biden président élu des Etats-Unis. «Je fais partie de ceux qui ne félicitent pas le futur président des Etats-Unis, parce que je ne considère pas que le match est joué tant qu'on n'a pas terminé les prolongations», a déclaré Marine Le Pen, en marge de la cérémonie du 11 novembre à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), selon des propos rapportés par l'AFP. 

«Ce que je note, c'est qu'un certain nombre de décomptes ont été effectués et que des décomptes donnent, pour ceux qui sont terminés, des résultats qui sont différents de ceux qui avaient été annoncés», a poursuivi la députée du Pas-de-Calais. 

Je fais partie de ceux qui ne félicitent pas le futur président des Etats-Unis, parce que je ne considère pas que le match est joué tant qu'on n'a pas terminé les prolongations

Marine Le Pen a souligné qu'elle ne reconnaissait «absolument pas» la victoire annoncée par les grands médias américains du candidat démocrate : «Lorsqu'il existe des recours, il faut que la justice puisse trancher avant de décider de ce qui sort des urnes», a-t-elle fait valoir. 

Décalage avec la majeure partie de la classe politique française

«Je suis d'ailleurs assez étonnée de voir cette unanimité médiatique et parfois même politique pour se précipiter à annoncer un résultat alors qu'on sait qu'il y a des recours qui sont actuellement en train d'être étudiés par la justice», a enfin relevé la présidente du RN.

De fait, des responsables politiques français de gauche comme de droite ont salué l'annonce, le 7 novembre par la presse, de la victoire de Joe Biden.

En premier lieu, le chef de l'Etat Emmanuel Macron avait tweeté : «Les Américains ont désigné leur Président. Félicitations [Joe Biden] et [Kamala Harris] ! Nous avons beaucoup à faire pour relever les défis d’aujourd’hui. Agissons ensemble !»

Au centre, l'enthousiasme était de mise le 7 novembre, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (La République en marche – LREM), parmi d'autres, adressant tous ses «vœux de succès» au démocrate «pour le monde, pour [les Etats-Unis], pour les relations avec l’Europe et pour relever les grands défis de notre époque».

A gauche, l'eurodéputé d'Europe Ecologie - Les Verts (EELV), Yannick Jadot avait exprimé un «Ouf !» de soulagement, estimant que l'espoir «rena[issait]» sur des dossiers tels que le climat, la justice sociale, la démocratie ou la coopération internationale.

La maire socialiste (PS) de Paris Anne Hidalgo avait lancé un «welcome back America !» tandis que le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, avait tweeté : «Trump a perdu. C'est une bonne nouvelle. Biden gagne. Il réintégrera l'accord de Paris sur le climat. C'est un bon point. Mais quel que soit le président américain, la France doit redevenir indépendante des Etats-Unis.»

Du côté de la droite, le président (Les Républicains) de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, a «souhait[é]» à Joe Biden «qu’il rassemble son peuple, et qu’il redonne harmonie et efficacité aux relations France/Europe/Etats-Unis». Valérie Pécresse, présidente (Libres !) de la région Ile-de-France, a dit espérer qu'avec Joe Biden, les relations des Etats-Unis avec la France et l'Europe s'«apaiser[aient]». 

Quelques personnalités souverainistes, néanmoins, avaient fait tinter un son de cloche différent. Dès le soir du 7 novembre, Florian Philippot, président du parti Les Patriotes, avait ainsi tweeté : «Biden déclaré président des Etats-Unis "par les médias américains". On est impressionné... Et évidemment pile au moment de la conférence de presse des avocats de Trump. Quelle surprise. A suivre...»

Autre partisan du Frexit, le président de l'UPR François Asselineau avait estimé que «la bataille juridique ne [faisait]que commencer» et que la presse allait un peu vite en besogne.

«Cette élection est loin d'être terminée», assure Donald Trump

Le 7 novembre, après l'annonce par les grands médias et agences de presse américains (de CNN à AP en passant par Fox News) de la victoire de Joe Biden, Donald Trump avait déclaré dans un communiqué : «Nous savons tous pourquoi Joe Biden se précipite pour se présenter faussement en vainqueur et pourquoi ses alliés dans les médias tentent avec autant d'efforts de l'aider : ils ne veulent pas que la vérité éclate.» Le président avait également martelé : «Le constat simple est que cette élection est loin d'être terminée.» Le chef d'Etat dénonce ce qu'il considère comme «une fraude électorale», liée en particulier au système de vote par correspondance et a promis de batailler en justice contre celle-ci. Le 9 novembre, le procureur général des Etats-Unis, Bill Barr, a donné son feu vert pour l'ouverture d'enquêtes sur d'éventuelles irrégularités lors de cette présidentielle. 

De nombreux dirigeants de pays alliés des Etats-Unis, tels que la France, l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni, mais aussi la Turquie, l'Arabie saoudite et Israël, ont félicité Joe Biden, le reconnaissant de fait comme le président élu. Néanmoins, d'autres gouvernements, comme ceux du Mexique, du Brésil, de la Chine ou de la Russie, ont déclaré attendre des résultats officiels de l'élection.