France

«Les classes sont surchargées» : mouvement de grève dans l'éducation pour un protocole renforcé

Un mouvement de grève a été lancé ce 10 novembre dans l'éducation à l'appel d'une intersyndicale. Les personnels éducatifs et les syndicats revendiquent notamment des embauches massives d'enseignants et la limitation du brassage des élèves.

A l'appel d'une intersyndicale (FSU, FNEC-FP-FO, CGT Educ'action, SNALC, SUD et SNCL-FAEN), un mouvement de grève dans l'éducation a été lancé ce 10 novembre.  Une action qui souhaite dénoncer la gestion de la crise sanitaire au sein des établissements scolaires par le ministère de l'Education nationale, au lendemain de l'entrée en vigueur d'un protocole sanitaire renforcé dans les lycées.

Plusieurs manifestations ont eu lieu ce 10 novembre en France, notamment à Pau (Pyrénées-Atlantiques), Lyon (Rhône) ou encore Paris comme le montrent ces images.

Le rectorat de Paris a par ailleurs indiqué à l'AFP que des tentatives de blocages ont eu lieu ce 10 novembre au matin dans cinq lycées de la capitale.

Selon le ministère, ce mouvement s'est traduit par un taux de grévistes de 8,78% dans le primaire et de 10,36% dans le secondaire (collèges et lycées).

De leur côté, les syndicats font état d'un taux de grévistes plus élevé. «On est autour de 20% dans le primaire», a déclaré à l'AFP la secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, Guislaine David. Quant au Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, celui-ci dénombre «environ 45% de grévistes au collège».

«Les classes sont surchargées, les couloirs sont bondés, les cantines sont encombrées»

Limitation du brassage des élèves à l'école et au collège, demande d'augmentation massive de postes dans l'éducation ou encore application du même protocole sanitaire dans l'enseignement primaire et secondaire, ne sont que quelques-unes des revendications que les personnels de l'éducation du primaire, du collège et du lycée mettent en avant.

«On parle beaucoup de grève sanitaire [...] Il y a tout d'abord l'inquiétude et la colère profonde des personnels parce qu'aucune mesure n'est prise par le ministre [de l'Education national Jean-Michel Blanquer] pour protéger les personnels», a estimé pour RT France le secrétaire général de la Fédération de l'enseignement Force ouvrière, Clément Poullet.

«Au contraire, le ministre continue de se cacher derrière son protocole inapplicable et de faire porter sur les personnels la responsabilité de son impossible mise en œuvre. Et pire, le ministre n'a pris aucune mesure pour créer des postes statutaires, notamment en ayant recours massivement aux listes complémentaires [des concours d'enseignants] alors que le manque d'enseignants est rendu encore plus flagrant dans la situation sanitaire que nous connaissons», a-t-il ensuite fait savoir.

«Les classes sont surchargées, les couloirs sont bondés, les cantines sont encombrées, comme en lycée. Il est incompréhensible que le collège ne bénéficie pas de mesures de protection [sanitaire] renforcées», a fustigé ce 10 novembre la secrétaire générale du Snes-FSU, Frédérique Rolet, citée par l'AFP. Et de prévenir : «Si on ne fait rien, on va devoir fermer les établissements d'ici quelques semaines.»

C'est une grève en forme d'avertissement ; il va falloir que le ministère y réponde car la question des remplacements va devenir de plus en plus problématiques dans les semaines qui viennent ; la profession risque de craquer

«Nous demandons un dédoublement des classes à l'intérieur même des établissements, en présentiel, mais avec un recrutement massif de personnel pour permettre cet encadrement. C'est indispensable», a déclaré à l'AFP Charles Martin, professeur, remplaçant en lycée à Mourenx et Orthez dans les Pyrénées-Atlantiques et responsable départemental de la CGT Educ'action. Il a manifesté ce 10 novembre au matin devant les services du rectorat à Pau avec une soixantaine d'autres professeurs, réclamant que ces mesures soient «étendues au collège, car rien n'est fait à ce niveau». 

«Depuis la rentrée de novembre, le protocole est soi-disant renforcé mais chaque dispositif est mis en place "dans la mesure du possible" et comme les établissements n'ont ni les moyens ni les locaux, très souvent… ce n'est pas possible», a quant à elle expliqué à l'AFP la secrétaire départementale du Rhône du Snes-FSU, Nadège Pagliaroli.

«C'est une grève en forme d'avertissement ; il va falloir que le ministère y réponde car la question des remplacements va devenir de plus en plus problématiques dans les semaines qui viennent ; la profession risque de craquer», a pour sa part estimé la secrétaire générale du Snuipp-FSU, Guislaine David.

Et d'estimer : «Il est urgent de se mettre autour de la table avec le ministère pour trouver des solutions d'accueil des élèves telles que des gymnases afin de mettre en place des demi-groupes, qui vont nous permettre de tenir sur la longueur.»

La Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) va dans le même sens. «On sait notamment à Paris que la mairie a dressé une liste de lieux disponibles pour accueillir des enfants et donc désengorger les classes, alors qu'attendons-nous ?», s'est interrogé le président de la FCPE, Rodrigo Arenas.

Des nouvelles mesures sanitaires... uniquement pour les lycées

Le ministère de l'Education nationale a annoncé le 9 novembre que, dès la semaine prochaine, le ministère de la Santé allait mettre à disposition des établissements scolaires un million de tests antigéniques à destination des personnels.

Confronté au mécontentement, Jean-Michel Blanquer avait aussi annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures pour limiter les risques de contamination dans les lycées, en autorisant davantage de cours à distance, à condition de conserver au moins 50% d'enseignement en «présentiel» pour chaque élève.

En outre, le 6 novembre, le ministre de l'Education nationale avait estimé que le nombre de cas de Covid-19 parmi les élèves et les professeurs était «maîtrisé» en France, et avait exclu d'opter pour l'enseignement à distance au collège dans le but de lutter contre la pandémie de Covid-19. Il avait souligné à la même occasion que les contaminations recensées au sein du système éducatif restaient «en dessous des proportions qu'on rencontr[ait] dans le reste de la population».

Si le ministre avait expliqué vouloir «éviter à tout prix» de fermer les lycées, où le protocole sanitaire allait être renforcé, il avait toutefois exclu une telle évolution au collège, qui «reste organisé en 100% présence».

«La situation du collège est très différente de celle du lycée», avait-il justifié. Selon Jean-Michel Blanquer, dans ces établissements, il est «plus facile» de maintenir les élèves dans une seule classe, car ils n'ont pas d'enseignements de spécialité. Les élèves sont également «plus jeunes», posent, d'après lui, «moins de problèmes de contaminations» et la densité des collèges est «en général moins forte» que celle des lycées.