Selon les révélations de Mediapart ce 9 novembre, une organisation lycéenne favorable au parti présidentiel aurait reçu 65 000 euros de subventions de la part du ministère de l'Education nationale en 2019, dont 40 000 euros qui auraient dû permettre la tenue d'un congrès... qui n’a jamais eu lieu.
Pire, selon le site d'investigation en ligne, la carte de crédit du syndicat Avenir lycéen aurait été utilisée principalement en «frais de bouche et d'hôtels». Et Mediapart de poursuivre la démonstration : «Alertée, la rue de Grenelle [siège du ministère de l'Education nationale], loin de couper les vivres, a réservé au syndicat 30 000 euros supplémentaires pour 2020.»
Mener des actions de sensibilisation sur plusieurs thématiques et organiser, surtout, son congrès fondateur, qui aurait dû concentrer les deux tiers de la subvention (40 056 euros), selon la convention d’objectifs signée avec le ministère
Le site d'investigation précise qu'avant que le ministère n'alloue 65 000 euros de subventions au syndicat étudiant, il «vivotait avec 138 euros en caisse».
La contrepartie de l'aide du ministère était la suivante : «Mener des actions de sensibilisation sur plusieurs thématiques et organiser, surtout, son congrès fondateur, qui aurait dû concentrer les deux tiers de la subvention (40 056 euros), selon la convention d’objectifs signée avec le ministère.»
Au lieu de cela, il y aurait notamment eu «d'importants retraits» d'argent liquide «à des horaires parfois tardifs qui n'ont fait tiquer personne», mais également «des dépenses dans des bars (alcool compris) et hôtels de luxe»... Interrogé par Mediapart, le ministère de l'Education qui alloué l'enveloppe budgétaire et aurait dû contrôler les états financiers de l'association assure que «de manière globale, les actions subventionnées sont effectivement réalisées».
Une réponse étonnante puisque le fameux congrès prévu ne se serait pas tenu. Conséquence de ces révélations pour l'association lycéenne ? Aucune puisqu'elle viendrait de recevoir pour la nouvelle année scolaire les 30 000 euros qu'elle avait demandés au ministère, selon Mediapart.
Suite aux alertes concernant les finances d'Avenir lycéen, le ministère ajoute que l'association – officiellement apolitique – a été «sensibilisée au bon usage d’une subvention publique».
Selon Mediapart, d'autres syndicats lycéens, opposés aux orientations de la méthode Blanquer rue de Grenelle, auraient pour leur part vu leurs demandes de subventions baisser, voire être totalement rejetées au cours des deux dernières années.
Hôtels de luxe, restaurants chics, matériel informatique...
Impitoyable avec l'association Avenir lycéen, Mediapart expose : «Pour la seule journée du 22 juin, 432 euros sont dépensés dans un Apple Store, et 99,70 euros dans deux restaurants lyonnais. Le lendemain, 75,50 euros sont débités dans un restaurant à Paris. Dans la nuit, à une heure du matin, un retrait de 100 euros est effectué dans le VIIe arrondissement.» S'en serait suivi un règlement de note d'hôtel près de la gare Montparnasse (276 euros), et deux jours plus tard un autre de 222 euros à la même adresse.
Interrogée par Mediapart, l'ancienne présidente de l'association défend pour sa part : «Nous cherchions sur place différents espaces pouvant accueillir un nombre important de lycéens en prévision d’un évènement auquel nous avons finalement dû renoncer à cause du contexte sanitaire.»
Mais en juillet, la gabegie aurait continué, parfois à «un rythme effréné», selon Mediapart : «En dix jours, l'équivalent de 1 600 euros sont retirés, parfois en soirée, dans des distributeurs à Lyon, Lens et Paris.»
Enfin, du matériel informatique aurait également été acheté avec ces mêmes deniers venus du ministère : «Un iPad, un iMac et un vidéoprojecteur sont aussi achetés, neufs, pour 8 411,93 euros dans un magasin spécialisé à Lyon.»
Mediapart souligne que ce matériel se trouverait actuellement en possession d'un ancien de l'association qui travaille notamment à la création d'un réservoir d'idées publiquement soutenu par le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, sur les réseaux sociaux. Le nom de ce laboratoire est directement inspiré de celui de l'association lycéenne : Avenir éducation.