France

Jean-Michel Blanquer lance le Grenelle de l'Education

Le ministre de l'Education a fait savoir que malgré l'assassinat de Samuel Paty, il tenait à maintenir l'agenda du Grenelle de l'Education pour mettre «le professeur au centre de la société». Cette concertation devrait aboutir à des augmentations.

Au lendemain de l'hommage national à l'enseignant assassiné et de la mise en examen de sept personnes par un juge antiterroriste, Jean-Michel Blanquer lance ce 22 octobre un Grenelle de l'Education censé mettre davantage les professeurs «au centre de la société».

Le sort tragique de Samuel Paty, 47 ans, a remis en lumière le difficile métier d'enseignant. Le professeur d'histoire-géographie a été décapité par un assaillant islamiste le 16 octobre près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), 10 jours après avoir montré à ses élèves de quatrième des caricatures de Mahomet lors de son cours sur la liberté d'expression.

«Là, il faut vraiment que la société civile se ressaisisse, on a besoin d'un front uni sans démagogie, et il va devoir passer par nous, par l'Education nationale, par une meilleure considération, parce que nous sommes au front avec les jeunes», souligne Catherine Prévost-Meyniac, une enseignante d'éco-gestion venue d'Angers pour assister à l'hommage, citée par l'AFP.

Le Grenelle de l'éducation, devant déboucher dans trois mois sur une augmentation des salaires des enseignants ou encore sur des mesures de protection supplémentaires, était déjà prévu à l'agenda du ministère. Mais il a été revu depuis l'assassinat de Samuel Paty pour mettre davantage en avant la place du «professeur au centre de la société».

Intervenant à ce sujet au micro d'Europe 1 ce 22 octobre, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a précisé qu'il avait tenu à ce que la date de ce Grenelle soit maintenue, malgré l'assassinat de Samuel Paty.

«Aujourd'hui, il y a un sujet de protection des professeurs mais aussi de reconnaissance des professeurs. Cette question existait avant et nous devons lui apporter une réponse, c'est pourquoi nous travaillons depuis plusieurs mois avec les organisations syndicales sur ce que nous appelons l'agenda social et ceci débouche [...] sur le Grenelle de l'éducation, qui commencera comme prévu demain», avait d'ailleurs annoncé Jean-Michel Blanquer lors de questions au gouvernement au Sénat le 21 octobre.

Le Grenelle de l'Education «repose sur des mots clés, celui de la reconnaissance financière, la coopération, c'est-à-dire le travail en équipe, la modernisation et la protection», a détaillé le ministre.

Au-delà de cette augmentation, «qui touchera notamment les plus jeunes, mais qui pourrait toucher aussi l'ensemble des professeurs, c'est la transformation de notre système, notamment pour des ressources humaines de proximité, autrement dit un système de l'éducation nationale beaucoup moins anonyme, beaucoup plus attaché à ce qui arrive à chaque professeur et à le suivre dans sa carrière, qui manifestera la reconnaissance du pays à tous les professeurs et au-delà de l'ensemble des mesures que nous prendrons», a ajouté Jean-Michel Blanquer. Avant d'affirmer : «Le sursaut national doit nous conduire à considérer que le professeur est central dans notre société et que chacun d'entre nous dans notre vie de parent d'élève, de citoyen, doit respecter les professeurs et avoir des discours qui mettent le professeur au centre de notre société.»

Le budget 2021 du ministère a été augmenté de 400 millions d'euros (500 millions en année pleine), afin d'augmenter les salaires des enseignants français, inférieur de 7% en début de carrière à la moyenne des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

La hausse de budget doit financer différentes primes, notamment une prime d'attractivité (260 millions d'euros en année pleine) ciblant les personnels en début et milieu de carrière, ainsi qu'une prime d'équipement informatique (178 millions d'euros) de 150 euros nets annuels pour chaque professeur.

Les syndicats ont récemment noté un motif de satisfaction : les hausses de salaires ne seront pas conditionnées à une augmentation du temps de travail ou d'autres contreparties, comme ils le redoutaient.