«Dominique Martin, directeur de l'ANSM, refuse toute RTU [Recommandation temporaire d’utilisation] pour l'hydroxychloroquine, mais autorise l'envoi de mails promotionnels par Gilead pour le Remdesivir et en organise la distribution gratuite. Deux poids deux mesures», s'est indigné Didier Raoult, le 23 octobre 2020, en réaction au refus de l'établissement public d’autoriser largement en France le traitement préconisé par le professeur marseillais depuis l'arrivée de l'épidémie sur le territoire national.
«A ce jour, les données disponibles, très hétérogènes et inégales, ne permettent pas de présager d’un bénéfice de l’hydroxychloroquine, seule ou en association, pour le traitement ou la prévention de la maladie Covid-19», avait en effet fait savoir l'ANSM plus tôt dans la journée. L'établissement a expliqué avoir émis un avis défavorable concernant la recommandation temporaire d’utilisation du médicament en question (commercialisé en France par le laboratoire Sanofi sous le nom de Plaquenil) après s'être appuyé sur «les nombreuses études récentes publiées sur l’efficacité et la sécurité de l’hydroxychloroquine», ainsi que sur «les dernières recommandations du Haut Conseil de santé publique du 23 juillet 2020».
Enfin, l'agence du médicament a assuré qu'elle serait en mesure de revenir sur sa décision «si de nouveaux résultats d’études cliniques venaient modifier le constat fait à ce jour».
Le 16 octobre dernier, les résultats provisoires de l’essai «Solidarité thérapeutique» coordonné par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avaient montré également que le Remdesivir semblait n’avoir que «peu ou pas d’effet sur les patients hospitalisés pour le Covid-19 si l’on en croit les taux de mortalité, de début de la ventilation ou de durée de l’hospitalisation».
L'épisode n'a pas manqué de faire réagir le président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, qui a estimé (dans un tweet rapidement partagé par Didier Raoult) qu'en prenant une telle décision, l'ANSM allait «à l’encontre des principes fondamentaux de la médecine». «Laissez le professeur Didier Raoult et les médecins de l’IHU de Marseille soigner !», a-t-il écrit, mettant en avant une lettre qu'il a rédigée le jour même à l'attention du ministre de la Santé, Olivier Véran. Il y qualifie notamment la décision de l'ANSM de «révoltante» et demande au ministre de s'y opposer.