Trois auteurs de l'étude publiée dans le Lancet, critique sur l'hydroxychloroquine, font volte-face. «Nous ne pouvons plus nous porter garant de la véracité des sources des données primaires», écrivent les trois auteurs au Lancet le 4 juin, mettant en cause le refus de la société les ayant collectées, Surgisphere, de donner accès à la base de données.
Publiée le 22 mai dans The Lancet, l'étude concluait que l'hydroxychloroquine n'était pas bénéfique aux malades du Covid-19 hospitalisés et pouvait même être néfaste. Sa parution avait eu un retentissement mondial et des répercussions spectaculaires, poussant notamment l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à suspendre les essais cliniques sur l'hydroxychloroquine contre le Covid-19. Mais, après de nombreuses critiques mettant en cause la méthodologie de l'étude, y compris de la part de scientifiques sceptiques sur l'intérêt de l'hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19, l'OMS a annoncé le 3 juin la reprise des essais cliniques avec cette molécule.
Les critiques mettaient en particulier en cause les données sur lesquelles se fondaient l'étude (96 000 patients hospitalisés entre décembre et avril dans 671 hôpitaux) récoltées par la société américaine Surgisphere, dirigée par le quatrième auteur, Sapan Desai.
«Nous avons lancé une analyse indépendante de Surgisphere avec l'accord de Sapan Desai pour évaluer l'origine des éléments de la base de données, confirmer qu'elle était complète et répliquer les analyses présentées dans l'article», écrivent les trois autres auteurs dans le texte publié par le Lancet.
Mais Surgisphere ayant refusé de transférer la base de données en raison des accords de confidentialité avec ses clients (les hôpitaux à l'origine des données), les experts missionnés «n'ont pas pu conduire une revue indépendante et nous ont informés de leur retrait du processus d'évaluation par les pairs», ajoutent-ils.