Dans une interview donnée à L'Obs mise en ligne le 23 octobre, la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a annoncé la création d'une «unité de contre-discours républicain sur les réseaux sociaux». Elle précise que cette unité sera placée «sous l'autorité du comité interministériel à la prévention de la délinquance et de la radicalisation et de la lutte contre les dérives sectaires» dirigé par le préfet Christian Gravel.
Depuis la décapitation le 16 octobre de Samuel Paty, professeur d'histoire à Conflans-Saint-Honorine, la ministre souhaite intensifier la lutte contre la haine en ligne et le «cyber-islamisme», conformément aux directives données par le président Emmanuel Macron. Le 19 octobre, l'entourage de la ministre avait insisté sur la nécessité pour l'Etat de ne pas être absent du net et d'organiser «un contre-discours» pour répondre aux propos haineux.
«On voit se développer des discours d’islamistes sur la toile, de victimisation systématique, sans que personne ne les démente», souligne Marlène Schiappa dans l’interview, en ajoutant que le gouvernement veut porter un «discours de contre-propagande».
Elle cite en exemple «la perquisition des locaux de l’association BarakaCity» − que le gouvernement souhaite dissoudre − qui a donné lieu à des commentaires accusant le gouvernement «d’islamophobie».
«Mais nous sommes dans un État de droit» s’offusque-t-elle ; «s’il y a eu une perquisition sous l'autorité du juge, c’est parce qu’il y avait des éléments dans un dossier judiciaire. Nous avons mis plusieurs jours à répondre […] La prochaine fois, il faut que le contre-discours soit prêt, pour défendre nos valeurs. Il y a des exemples en Angleterre, en Allemagne, dont on peut s’inspirer !», ajoute la ministre.
Comme le rappelle L'Obs, Manuel Valls, alors Premier ministre, avait déjà fait en 2015 la promesse − restée lettre − de créer des «bataillons de community managers» pour mener un contre-discours aux jeunes en voie de radicalisation.