Dans un tweet publié ce 21 octobre, l'association controversée BarakaCity a annoncé que ses avocats allaient saisir le Défenseur des droits et la Commission nationale consultative des droits de l'homme «afin de contester cette mesure arbitraire» que constitue aux yeux de l'ONG sa dissolution par les autorités.
Les avocats de BarakaCity, William Bourdon et Vincent Brengarth, ont dénoncé «l'indigence des motifs construits de toutes pièces par l'administration pour discréditer l'association, à travers son président, ainsi que la célérité de cette décision» qui, selon eux, «confirment le caractère totalement politique et opportuniste de cette mesure». Ils considèrent comme «frappant» que la notification ne contienne «strictement aucun élément précis reprochable à l'association».
La veille, les autorités ont officiellement engagé une procédure de dissolution visant BarakaCity en raison de messages de son président et fondateur Driss Yemmou, dit Idriss Sihamedi, qui peuvent être «caractérisés comme apologiques d'actes de terrorisme», selon un document du ministère de l'Intérieur obtenu par l'AFP.
La notification du ministère, envoyée à Idriss Sihamedi, accorde à l'association un délai de cinq jours pour contester la demande de dissolution administrative, qui devra être formellement actée par un décret en Conseil des ministres.
Le jeu trouble de BarakaCity et de son président
Fondée en 2010 et se décrivant sur Twitter comme une «ONG humanitaire et de défense des droits humains», BarakaCity fait partie des structures dans le collimateur des autorités depuis l'assassinat du professeur Samuel Paty, en raison de ses accointances supposées avec l'islam radical.
Dans sa notification, l'Intérieur fait état de «messages publiés en ligne depuis les comptes de l'association» ou ceux de son président qui «provoquent de très nombreux commentaires hostiles à l'Occident, à la laïcité, aux francs-maçons ou encore aux musulmans qui ne partagent pas la conception de l'islam promue par l'association». Il est également fait état de commentaires antisémites à la suite des ces messages.
Sont également reprochées des déclarations et prises de positions publiques de la part du président, notamment «un refus de condamner clairement les agissements de l'Etat islamique» en janvier 2016 lors d'une émission de télévision ; et plus récemment, en septembre, l'envoi de deux messages condamnant la republication des caricatures de Mahomet : «Le premier évoque un châtiment contre les caricaturistes et le second justifie clairement les attentats et comprend des propos qui peuvent être caractérisés comme apologiques d'actes de terrorisme.»
Des propos très véhéments à propos des «saletés de médias et de politiques» à qui Idriss Sihamedi promet de faire vivre «un enfer sur terre» ont également été rappelés par l'écrivain et journaliste Zineb El Rhazoui, en apposant le hashtag «hydre islamiste» à ces déclarations qu'elle qualifie de bien éloignées de la charité dont se revendique BarakaCity.
Le 14 octobre, Idriss Sihamedi avait été placé en garde à vue après avoir violemment et de façon répétée pris à partie sur Twitter Zohra Bitan, chroniqueuse sur RMC. Il est convoqué le 4 décembre devant le tribunal correctionnel d'Evry pour «harcèlement au moyen d'un support numérique ou électronique ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours».