France

Darmanin porte plainte pour diffamation contre un blog hébergé par Mediapart

A la suite d'un texte polémique publié sur un blog hébergé par Mediapart, le ministre de l'Intérieur a porté plainte. Le billet qualifiait de «barbarie» l'opération policière dans laquelle le terroriste a été abattu.

Gérald Darmanin a déposé plainte ce 21 octobre pour «diffamation publique envers la police nationale» après la publication sur un blog hébergé par Mediapart d'un texte accusant la police de «barbarie» pour avoir «exécuté» le terroriste islamiste Abdoulakh Anzorov, l'assassin de Samuel Paty.

Dans son courrier au procureur de la République de Paris qu'il a posté sur son compte Twitter, le ministre de l'Intérieur fait référence au blog Hors les murs publié le 19 octobre sur le site blog-mediapart.fr.

L'article visé par le ministre intitulé «Exécution sommaire du suspect : nouvelle norme en matière de terrorisme ?» commente une vidéo amateur tournée au moment où les policiers font feu sur le terroriste tchétchène alors qu'il vient de décapiter Samuel Paty.

L'auteur anonyme déclame notamment : «Ce jeune de 18 ans n'est au moment précis de sa mort qu'un suspect armé d'un jouet et d'un canif. Applaudir une police qui tue de façon aussi sommaire et systématique les individus suspectés de terrorisme, c'est applaudir une barbarie [...], c'est embraser le choc des civilisations qui se trouve [...] en haut de l'agenda de toutes les extrêmes-droites du monde.»

Gérald Darmanin réplique donc dans le courrier argumentant sa plainte : «Par ces propos, les policiers et l'ensemble de la police nationale sont accusés de "barbarie policière".»

Contacté par l'AFP, le directeur de publication de Mediapart Edwy Plenel n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat.

Applaudir une police qui tue de façon aussi sommaire et systématique les individus suspectés de terrorisme, c'est applaudir une barbarie

Dans une version amendée du texte sur ce même blog, l'auteur anonyme a admis : «Parler de "barbarie policière" était une erreur car cela place sur un même plan moral deux violences très différentes. Or, justement, ces deux violences n'ont rien à voir. Seules les forces de l'ordre sont détentrices d'une violence légitime soumise à un impératif moral, tandis que la violence terroriste se place de facto hors de toute recherche de légitimité.»

Mais l'auteur s'interroge également : «Quelles lois ce billet de blog viole-t-il ? Aucune.» Il reviendra donc au tribunal de statuer sur le bien-fondé juridique de cette affirmation.