Le 13 octobre, le site de défense de l'écologie Reporterre a affirmé que l'Education nationale aurait fourni aux enseignants des masques traités à la zéolite d’argent, un cristal microporeux bactéricide considéré comme «toxique pour la santé humaine et l’environnement».
Selon l’agence européenne des produits chimiques, cette structure naturelle ou artificielle est «susceptible de nuire à la fertilité» et peut être «très toxique pour les organismes aquatiques», entraînant des «effets néfastes à long terme». Près de 60% des particules d'argent contenues dans les masques seraient en effet libérées dans les eaux usées après dix lavages, selon certaine estimations.
Emmanuel Macron lui même portait un de ces masques fabriqués par l'entreprise Dim, le 8 septembre dernier à l’occasion de sa prise de parole devant les étudiants d’un lycée professionnel de Clermont-Ferrand. Pris d'une quinte de toux, le président avait alors dû enlever son masque, en exprimant la crainte de «s'étouffer avec ça».
Ces masques sont par ailleurs distribués en nombre insuffisant aux enseignants (cinq par personne, alors qu'ils doivent être changés toutes les quatre heures). Selon Reporterre encore, ceux-ci ne peuvent protéger leurs porteurs que si les gestes barrières sont respectées. Des gestes impossibles à respecter dans les écoles maternelles.
Une situation problématique lorsqu'on sait que 18,6% des foyers de contamination sont actuellement en milieu scolaire selon les données de Santé publique France du 15 octobre.
Des accusations à étayer
Les affirmations de Reporterre sont cependant à nuancer : pour Jerôme Langrand, médecin toxicologue à l’hôpital Lariboisière interrogé par le Huffington Post, il faut «davantage de précisions sur le type de zéolites dont il s’agit», afin de pouvoir se prononcer sur l'éventuelle toxicité des masques. Selon lui, la zéolite d'agent est particulièrement dangereuse pour la santé humaine si elle est sous forme de nanoparticules, qui s’infiltrent dans les poumons et peuvent provoquer des inflammations, comme le montre une étude publiée en mai dernier par l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale (Anses). Mais les cristaux sont rares sous cette forme, car ils «coûtent très cher».
Pour Fabrizio Pariselli, toxicologue du CNRS et directeur de l’unité Prévention du risque chimique, lui aussi interrogé par le Huffington Post, les ions métalliques actifs d'argent présents dans la zéolite sont effectivement toxiques à haute dose : ils peuvent alors pénétrer dans le système sanguin et être neurotoxiques, et «mener à une perte de poids, affaiblir le système immunitaire, être corrosifs pour les yeux…». Cependant, il rappelle que la zéolite d'argent est également présente «dans la lessive, ou dans la litière de chats» et qu'elle doit, pour être toxique, être présente en quantité «très importante» et être «en contact prolongé avec la peau».
Dépôt de plainte, surprise et consternation
Les révélations portant sur la potentielle toxicité des masques ont suscité de nombreuses réactions : le jour même, le collectif de professeurs Les Stylos rouges a annoncé porter plainte pour «empoisonnement». Du côté syndical, Snudi-Force ouvrière de la Mayenne a indiqué lancer une procédure d’alerte. Le 15 octobre, le syndicat des enseignants du second degré SNES-FSU a demandé lui une expertise indépendante sur les masques concernés.
Interrogé sur RTL dans la soirée du 13 octobre, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a exprimé son étonnement et déclaré qu'il s'agit d'une «information surprenante qui mérite vérification».
Sur France Info, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a quant à lui considéré le 15 octobre que cette situation «peut être assez grave», tout en précisant qu'il «n’imagine pas qu’on puisse avoir distribué des masques sans avoir garanti qu’ils soient certifiés et homologués».
Le conseiller régional conseiller régional et secrétaire national d'Europe Ecologie Les Verts, Julien Bayou a interpellé Jean-Michel Blanquer sur Twitter.
Le député et premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a, de son côté, jugé l’affaire «hallucinante».