France

Arnaud Beltrame «victime de son héroïsme» : une plaque commémorative crée la polémique

Une plaque en hommage à Arnaud Beltrame stipulant «victime de son héroïsme» fait polémique. Installée dans le jardin du même nom en février 2020, elle était jusqu'alors passée inaperçue. Des personnalités demandent la modification des inscriptions.

Arnaud Beltrame «victime de son héroïsme» ? Cette formule inscrite sur une plaque rendant hommage au colonel de gendarmerie inaugurée le 26 février dans le IIIe arrondissement de Paris – dans le jardin Arnaud Beltrame – par la maire Anne Hidalgo et jusque là passée inaperçue, indigne. 

«La rédaction de la plaque avait été validée par la famille d'Arnaud Beltrame, et inaugurée en présence de sa mère et Anne Hidalgo, défend la Mairie de Paris. C’est une évidence que la Ville ne décide pas par elle-même sans l'accord de la famille.»

Arnaud Beltrame, colonel de gendarmerie, s’était substitué aux otages retenus dans le Super U de Trèbes au mois de mars 2018. Il avait demandé au terroriste Redouane Lakdim de prendre la place des personnes présentes dans le magasin et avait obtenu gain de cause au terme d’une négociation. Redouane Lakdim avait par la suite mortellement touché le gendarme.

De nombreuses personnalités demandent la modification des termes «victime de son héroïsme», estimant qu’Arnaud Beltrame a été victime du terrorisme.

Thierry Mariani, député Les Républicains et député européen estime que «cette plaque est une honte et le signe d’une infinie lâcheté qui refuse de nommer les criminels ! Arnaud Beltrame a été victime des islamistes et certainement pas de son héroïsme».

Le député de Seine-et-Marne et Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a écrit sur Twitter : «Arnaud Beltrame n’est pas victime de son héroïsme mais bien du fanatisme islamiste. On peut mourir en héros mais on en est jamais "victime"».

Marine Le Pen, présidente du RN, estime que «suggérer qu’Arnaud Beltrame aurait été victime de lui-même est révoltant. C’est le fondamentalisme islamiste qui l’a assassiné. Anne Hidalgo s’honorerait à faire modifier cette phrase qui choque nombre de Français». 

De son côté, le journaliste, écrivain et réalisateur Mohamed Sifaoui, directeur du magazine Contre-terrorisme, interroge : «Victime de son héroïsme ? Combattons l’héroïsme alors ! Serait-il son propre bourreau ? Serait-ce un suicide ? Non ignares ! Arnaud Beltrame est une victime du terrorisme islamiste».

Président du Centre d'Analyse du Terrorisme, Jean-Charles Brisard a lui aussi fustigé le choix des mots inscrits sur la plaque : «Quand l’hommage à un héros qui a fait face au terrorisme islamiste devient une insulte à sa mémoire».

Le maire PS de Paris Centre Ariel Weil a nuancé en jugeant la «formulation alambiquée, surannée, mais pas offensante», ajoutant que «l’attentat terroriste y figure et, surtout, Arnaud Beltrame a sa place magnifique & méritée au centre de Paris».