Philippe Grosvalet, président (PS) du Loire-Atlantique, a ouvert la marche le 1er octobre en annonçant que le département déposait plainte contre Eric Zemmour. Le même jour, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour «provocation à la haine raciale» et «injures publiques à caractère raciste».
En cause: des propos tenus par le journaliste et écrivain dans l'émission Face à l'info sur la chaîne d'information en continu CNews. A la suite de l'attaque au hachoir perpétré le 25 septembre devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, il avait qualifié les migrants mineurs isolés de «voleurs», «assassins» et «violeurs».
Dans son communiqué, Pierre Grosvalet appelle également CNews à se séparer d'Eric Zemmour.
Ce sont ensuite les présidents (PS) des départements du Gers, Philippe Martin, de la Haute-Garonne, Georges Méric, des Landes, Xavier Fortinon et de la Gironde, Jean-Luc Gleyze qui ont annoncé tour à tour porter plainte, le 2 octobre, contre le chroniqueur pour ses propos sur les migrants mineurs isolés.
La présidente, socialiste également, du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales, Hermeline Malherbe, leur a emboîté le pas en affirmant dans un communiqué que «nous ne pouvons tolérer de telles paroles dans notre République, qui vont à l'encontre du devoir de protection vis-à-vis des jeunes fragilisés par des situations dramatiques».
Le 3 octobre enfin, c'est au tour de la présidente du Conseil départemental du Finistère, Nathalie Sarrabezolles, de déposer une plainte similaire. Il s'agit pour elle de «propos racistes, tout simplement abjects, [qui] constituent une incitation à la haine et portent atteinte non seulement aux mineurs accueillis, mais à notre République et à nos valeurs, qui fondent la cohésion nationale.» Elle dénonce par ailleurs la complicité de CNews «qui [vit] grassement en bradant notre honneur pour faire de l’audience avec ce chroniqueur raciste et antirépublicain ».
Réactions diverses
L'annonce de ces plaintes départementales a, a son tour, provoqué des remous au sein de la classe politique et médiatique.
Ainsi, le député européen du Rassemblement national Gilbert Collard, visiblement outré, s'est demandé si les présidents des départements dépositaires n'avaient «vraiment rien d'autre à foutre».
L'essayiste et cofondatrice du mouvement Viv(r)e la République, Fatiha Agag-Boudjahlat, s'en est elle pris à ce qu'elle considère comme l'«hypocrisie» de ces départements. «Les mêmes départements qui rechignent à s’occuper des mineurs étrangers, qui foutent à la porte ceux relevant de l’aide sociale à l’enfance le jour de leur 18 ans, se font passer la brosse à reluire en portant plainte contre ce raciste de Zemmour», estime-t-elle.
Les plaintes ont reçu, en revanche, le soutien logique du Parti socialiste, qui appelle à soutenir ces départements dans cette action.
Toujours dans le camp socialiste, Boris Vallaud le député des Landes et porte-parole du PS a tenu aussi à soutenir l'action de son département et considère que les propos de l'éditorialiste «portent atteinte à la dignité des jeunes migrants.»