Menacé de poursuites par Gérald Darmanin, l'artiste italien Paolo Cirio a décidé de retirer des photos de policiers et gendarmes de son site internet.
Baptisée Capture, cette page web permettait à tout internaute de préciser le nom d'un policier ou gendarme dont la photo était affichée. Militant de la protection des données personnelles, Paolo Cirio expliquait avoir construit son projet comme une performance collaborative pour dénoncer les dangers de la reconnaissance faciale.
Le 1er octobre 2020, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait dénoncé une «insupportable mise au pilori de femmes et d'hommes qui risquent leur vie pour nous protéger» et exigé le retrait des photos «sous peine de saisir les juridictions compétentes».
Le centre d'art de Tourcoing, qui devait accueillir l'artiste italien et son exposition, a par ailleurs annulé l'événement prévu dans la ville dont Gérald Darmanin était maire jusqu'à mi-septembre. Le ministre avait également demandé sa déprogrammation.
«Nous ne pouvons en aucun cas adhérer à une démarche qui associe l'œuvre en question à une plateforme numérique où l'artiste invite le public à identifier et désigner nommément des policiers, dont les photographies ont été préalablement diffusées sur internet», a écrit le centre d'art du Fresnoy dans un communiqué. «L'artiste a violé les engagements qu'il avait pris de ne rien faire de tel devant les responsables du Fresnoy», ajoute le communiqué.
«Censure !», a réagi l'artiste sur son compte Twitter en repostant le communiqué.
Les syndicats policiers, eux, se sont félicités de la déprogrammation. «Clap de fin pour l'artiste anti-flic», s'est réjoui Alliance, ajoutant : «Le rideau se baisse pour celui qui pensait militer sur le dos et la sécurité des policiers.»
«Merci à Gérald Darmanin pour la promptitude de sa réaction et sa fermeté pour défendre les policiers et leurs familles», a de son côté tweeté Synergies-Officiers. «Son intervention a permis de déprogrammer une entreprise criminogène sous couvert d'une démarche artistique», a ajouté le syndicat.
L'artiste avait construit une base de données à partir de 1 000 photos publiques – récupérées sur internet ou auprès de journalistes – prises lors de manifestations en France entre 2014 et 2020, puis traitées «avec un logiciel de reconnaissance faciale».
«L'absence de réglementation sur la protection de la vie privée de ces technologies […] se retourne finalement contre les mêmes autorités qui en préconisent l'utilisation», a expliqué l'artiste, assumant une «provocation artistique».