France

Aux Mureaux, Emmanuel Macron s'attaque au séparatisme islamiste

Le président français s'est exprimé contre le séparatisme islamiste et a énoncé une série de mesures qui composeront un projet de loi présenté le 9 décembre prochain.

Dans un discours tenu le 2 octobre aux Mureaux (Yvelines), Emmanuel Macron a déclaré : «Nous devons nous attaquer au séparatisme islamiste [qui] se traduit souvent par la constitution d'une contre-société.»

«Il y a dans cet islamisme radical, puisque c'est le cœur du sujet […] une volonté revendiquée d'afficher une organisation méthodique pour contrevenir aux lois de la République et créer un ordre parallèle d'autres valeurs, développer une autre organisation de la société», a-t-il ajouté dans ce discours très attendu sur les séparatismes.

«Une religion en crise profonde»

Emmanuel Macron a par ailleurs assuré que l'islam était «une religion qui vit une crise aujourd'hui partout dans le monde». Une crise «profonde», selon lui «liée à des tensions entre des fondamentalismes, des projets religieux et politiques qui […] conduisent à un durcissement très fort».

Sur nos reculs, nos lâchetés, ils ont construit leur projet

Le président français a par la suite dénoncé la «ghettoïsation» des quartiers, où ont été concentrées des populations en fonction de leurs origines et où n'ont pas suffisamment été créées de mixité et de mobilité économique et sociale. «Sur nos reculs, nos lâchetés, ils ont construit leur projet», a-t-il analysé, évoquant les organisations islamistes «dont le but final est le contrôle complet».

L'instruction à domicile strictement limitée 

Afin de lutter contre ce phénomène, Emmanuel Macron a annoncé que l'instruction scolaire à domicile serait, à partir de la rentrée 2021, «strictement limitée, notamment aux impératifs de santé», et qu'elle deviendrait donc obligatoire au sein de l'école dès l'âge de trois ans. «C'est une nécessité. J'ai pris une décision sans doute l'une des plus radicales depuis les lois de 1882 et celles assurant la mixité scolaire entre garçons et filles en 1969», a souligné le chef de l'Etat, ajoutant par ailleurs que «les écoles hors contrat feront l'objet d'un contrôle renforcé».

«Libérer l'islam de France des influences étrangères»

Tout en plaidant pour l'enseignement de l’arabe et pour «une meilleure compréhension de l’islam» qui passera par la création d'un «institut scientifique d'islamologie» et de «postes supplémentaires dans l'enseignement supérieur», Emmanuel Macron a également affirmé son intention de «libérer l'islam de France des influences étrangères», en mettant fin «de manière apaisée» au système de formation des imams à l'étranger et en renforçant le contrôle sur leurs financements. Un moyen selon lui de construire «un islam qui puisse être en paix avec la République».

Une «charte de la laïcité» pour les associations

Emmanuel Macron a annoncé que «toute association sollicitant une subvention auprès de l'État ou d'une collectivité territoriale» devrait signer un «contrat de respect des valeurs de la République» représentant une «charte de la laïcité».

Les motifs de dissolution des associations, jusque-là «très limités», seront par ailleurs «étendus» pour comprendre l’«atteinte à la dignité de la personne» ou les «pressions psychologiques ou physiques», a-t-il ajouté, jugeant «assez logique que celles et ceux qui portent ce projet de séparatisme islamiste aient investi le champ associatif» qu'ils ont identifié comme «l'espace le plus efficace pour diffuser leurs idées».

Une obligation de neutralité étendue aux délégataires de service public

Constatant que des «dérives» s'étaient installées «lorsque le service public était concédé», par exemple dans des entreprises de transport, Emmanuel Macron a annoncé qu'avec le futur projet de loi contre les séparatismes, «l'obligation de neutralité sera applicable aux agents publics dans le cadre évidemment de leur action, mais surtout elle sera étendue aux salariés des entreprises délégataires, ce qui n'était pas clairement le cas» jusqu'à présent.

Un projet de loi avant la fin de l'année

Un projet de loi de lutte contre les séparatismes sera présenté le 9 décembre prochain en conseil des ministres, comme l'a déclaré le Chef de l'Etat: «Le ministre de l'Intérieur [Gérald Darmanin] et sa ministre déléguée [Marlène Schiappa] présenteront [...] un projet de loi qui, 115 ans après l'adoption définitive de la loi de 1905, visera à renforcer la laïcité, à consolider les principes républicains» en incluant ces diverses mesures égrenées par le chef de l'Etat lors de son discours.