La France devra affronter, «si rien ne change», une épidémie généralisée de Covid-19 pendant de longs mois, avec un système de santé «incapable de répondre à toutes les sollicitations», a prévenu le 27 septembre le président du Conseil national de l’Ordre des médecins.
«La deuxième vague arrive plus vite que nous le redoutions», a déclaré Patrick Bouet dans un entretien au Journal du Dimanche, alors que l'Hexagone connaît une recrudescence des cas de contamination.
«Mercredi [23 septembre], Olivier Véran a choisi un langage de vérité, mais il n’est pas encore allé assez loin. Il n’a pas dit que, si rien ne change, dans trois à quatre semaines, la France va devoir affronter pendant plusieurs longs mois d’automne et d’hiver une épidémie généralisée sur tout son territoire», a-t-il ajouté.
Patrick Bouet entrevoit une «épreuve» si rien ne change
Le pays n'aura pas de «base arrière dans laquelle puiser des renforts humains, avec un système de santé incapable de répondre à toutes les sollicitations», a encore fait savoir Patrick Bouet.
«Ce qui nous attend est une épreuve. Mais les professionnels de santé, à l’origine du miracle du printemps, ne pourront pas pallier à nouveau les carences structurelles. Beaucoup sont épuisés, traumatisés», a-t-il mis en garde.
Le médecin généraliste a regretté que «le bilan de la première période n’ait pas été fait pour mieux se préparer à celle-ci». Selon lui, il aurait fallu pendant l’accalmie «mettre en œuvre un processus de retour d’expérience» en organisant «des réunions au ministère de la Santé avec tous les acteurs de la crise». «Il était clair que les gens allaient se relâcher pendant les vacances et que les contaminations estivales des littoraux nourriraient les Covid urbains de septembre.»
Le président du Conseil national de l’Ordre des médecins a ainsi mis en cause la «technostructure du ministère de la Santé». D’après lui, il est «urgent de créer un comité de pratique, une sorte de pendant au Conseil scientifique centré sur l’organisation, la logistique, le concret, et de le doter d'une déclinaison au niveau de chaque département».
«Faute de quoi, c'est le Samu, et donc l’hôpital, qui devra à nouveau tout gérer, avec à la clé le même embouteillage qu'au printemps au numéro d'appel d'urgence», a déclaré Patrick Bouet. «Il faut que la médecine de ville soit à même de bien coopérer avec l'hôpital.»
Pour éviter un nouvel emballement incontrôlé de l'épidémie de Covid-19, le gouvernement a imposé cette semaine aux principales villes du pays un sévère tour de vis, dont Paris et Marseille, s'attirant les foudres de certains restaurateurs et élus des Bouches-du-Rhône.