Le député LFI de la Somme, François Ruffin, a réclamé, ce 15 septembre, un référendum sur le déploiement de la 5G. Dans un entretien à L'Obs, il a estimé : «En 2005, le référendum sur le traité européen a été un grand moment de démocratie et de culture politique, ça peut l'être de nouveau.» tout en précisant : «Je ne tranche pas sur le fond du dossier 5G. Je me positionne pour un contrôle démocratique de l’usage des technologies. Je ne souhaite apporter aucune réponse définitive mais plutôt poser des points d'interrogation sur l'environnement, la santé, les usages possibles.»
En cas d'impossibilité de référendum, «l'autre option serait de refaire une Convention citoyenne dédiée au dossier 5G», ajoute-t-il, en faisant le constat «qu'aujourd'hui, tout est fait pour qu'il n'y ait pas de débat démocratique là-dessus. Alors même que la technologie ne va plus de soi».
Oui, la France va prendre le tournant de la 5G
Le rapport final des 150 citoyens tirés au sort proposait notamment d’«accompagner l'évolution du numérique pour réduire ses impacts environnementaux», et demandait l'instauration «d'un moratoire sur la mise en place de la 5G en attendant les résultats de l'évaluation de la 5G sur la santé et le climat».
Il rappelle aussi que le président de la République avait «tacitement» validé fin juin l'ensemble des 149 propositions de la Convention citoyenne pour le climat, à l'exception de trois d'entre elles qu'il avait listées, sans citer la 5G. Or, à l’Assemblée nationale, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée auprès du ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance, chargée de l'Industrie, annonçait peu après que les enchères pour attribuer les premières fréquences, prévues en septembre, seraient bien lancées, fermant ainsi la porte à la demande de moratoire de la Convention.
Sur la 5G, l'Europe «ne doit dépendre d'aucune puissance non européenne», estime Macron
Pour Emmanuel Macron, le choix semble fait. «Oui, la France va prendre le tournant de la 5G», a-t-il en effet assuré la veille devant des entreprises du numérique, en ironisant sur ceux qui préfèreraient «le modèle Amish» et le «retour à la lampe à huile», au lendemain de la demande de moratoire de 70 élus de gauche et écologistes.
Le chef de l'Etat a défendu une Europe numérique souveraine. «Sur la 5G et beaucoup d'autres sujets, on ne doit dépendre d'aucune puissance non européenne», a-t-il martelé, en appelant notamment à «rouvrir la bataille sur le cloud». «Je ne crois pas qu'on ait aujourd'hui l'obligation de chercher à moquer celles et ceux qui posent des questions», a répliqué le patron du PS Olivier Faure au chef de l'Etat sur la chaîne Public Sénat. «Le progrès technologique n'est pas toujours un progrès pour l'Homme», a-t-il ajouté, en souhaitant «un vrai débat» à l'issue duquel «on fait des choix».
Les débats sur la santé avec les ondes de la 5G et sur l’impact environnemental ne sont pas clos, ils s’ouvrent à peine»
Car François Ruffin n’est pas seul à prôner la prudence en matière de 5G. En plus des insoumis, plusieurs maires commencent en effet à se mobiliser : des élus corses réclament un moratoire, des chercheurs s’affichent réfractaires, Bouygues Telecom et SFR disent vouloir ralentir le déploiement, etc. Les ministres de la Santé Olivier Véran et de la Transition écologique Elisabeth Borne ont demandé «d’attendre avant le déploiement de la 5G», a encore soutenu François Ruffin.
De l’avis du député, «les débats sur la santé avec les ondes de la 5G et sur l’impact environnemental ne sont pas clos, ils s’ouvrent à peine», rappelant que «l’Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail] dit qu’en l’état on ne sait pas et qu’elle remettra son rapport l’an prochain».
Enfin, François Ruffin a pointé du doigt l’injonction à la compétitivité dont la 5G est une composante. «Pendant longtemps, le plus a signifié le mieux, le progrès technologique signifiait le progrès humain. On vit un temps de cassure de cette logique, un moment où on peut se demander si le progrès technologique ne se retourne pas parfois – je dis bien parfois et je ne généralise pas – contre le progrès humain.»