France

«Irresponsable pour la France» : la leçon de journalisme de Macron à un grand reporter du Figaro

Lors de sa visite au Liban, Emmanuel Macron a violemment apostrophé le journaliste Georges Malbrunot, spécialiste du Moyen-Orient, l'accusant d'avoir agi de manière «irresponsable pour la France».

Il est rare de voir un homme d'Etat s'en prendre de la sorte à un journaliste... encore plus en public. Lors de sa deuxième visite au Liban depuis la double explosion meurtrière survenue à Beyrouth début août, Emmanuel Macron a profité de l'occasion de croiser le grand reporter du Figaro, Georges Malbrunot, spécialiste du Moyen-Orient, qui couvre la visite diplomatique du président pour le quotidien, pour lui dire ce qu'il pensait de son travail. Et visiblement, la séquence filmée le 1er septembre lors d'une réception à Beyrouth par un journaliste de LCI laisse penser que le locataire de l'Elysée ne l’apprécie pas vraiment.

«Ce que vous avez fait là, compte tenu de la sensibilité du sujet, compte tenu de ce que vous savez de l'histoire de ce pays, est irresponsable. Irresponsable pour la France, irresponsable pour les intéressés ici, et grave d'un point de vue déontologique», a-t-il alors lancé, masque sur le visage, à l'adresse du journaliste présent face à lui.

La rencontre de Macron avec un leader du Hezbollah possiblement en cause

«Vous m'avez toujours entendu défendre les journalistes. Je le ferai toujours. Mais je vous parle avec franchise. Ce que vous avez fait est grave, non professionnel et mesquin», a-t-il également ajouté.

Selon LCI, le président aurait pu être irrité par la publication sur le site du Figaro le 31 août d'un article de Georges Malbrunot intitulé : «Liban: le pas de deux d’Emmanuel Macron avec le Hezbollah». Dans son papier, celui qui a été otage pendant quatre mois en Irak en 2004 évoque une rencontre entre Emmanuel Macron et Mohammed Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, lors de la première visite au Liban du président français le 6 août.

Citant une «source française à Beyrouth», le journaliste livre la teneur de l'échange. «Je veux travailler avec vous pour changer le Liban [...] Mais prouvez que vous êtes libanais», aurait alors expliqué Emmanuel Macron à Mohammed Raad.

«Cela équivaut à une reconnaissance internationale», se réjouissait dans cet article un «proche de la mouvance» chiite classée terroriste par plusieurs pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou encore l'Allemagne.

«Le Hezbollah a des députés élus par les Libanais, il fait partie de la scène politique», avait également ajouté Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse après l'entrevue avec différents représentants politiques libanais durant sa première visite.

Mais la source française de Georges Malbrunot va plus loin : «Macron leur a dit en substance : on ne vous ennuie pas sur la question de vos armes et sur deux ou trois points qui vous importent ; mais en contrepartie, vous mettez de l’oxygène dans le système. Acceptez de jouer le jeu, car on ne peut plus continuer comme cela, et vos partisans couleront avec le système.»

La veille de la seconde visite du président français sur le sol libanais, le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah avait affirmé être disposé à évoquer le «nouveau contrat politique» proposé par Emmanuel Macron.

La tension diplomatique autour du dossier libanais et la «sensibilité du sujet», d'après les dires du président, auraient donc pu participer à faire sortir ce dernier de ses gonds