Polémique à Grenoble : après que Gérald Darmanin a multiplié les déclarations à propos des récentes images de trafic diffusées sur internet dans la cité Mistral réputée sensible et demandé une opération de police, le maire de la ville, Eric Piolle a dénoncé une «opération de communication» du gouvernement au micro de BFMTV.
Partageant le 26 août sur Twitter une prise de parole du préfet de l'Isère sur BFMTV, interrogé dans le fameux quartier où des supposés trafiquants de drogue avaient été filmés, armes prétendument réelles ou factices à la main, le 24 août dernier, le ministre de l'Intérieur a déclaré : «L’Etat ne connaît pas de zone de non droit. 160 interpellations dans le quartier depuis le début de l’année. Des opérations quotidiennes dans les parties communes.»
Deux heures plus tôt, sur ce même réseau social, Gérald Darmanin avait d'abord annoncé : «Sur mon instruction directe, une opération de police est en cours dans le Mistral, à Grenoble. Merci aux effectifs mobilisés pour imposer l'ordre républicain, le seul qui protège. Aucun doute ne doit subsister : l’Etat s’imposera face à l’ensauvagement d’une minorité de la société.»
Opération de police : 50 contrôles, aucune interpellation
Selon les propos de la préfecture rapportés par l'AFP, le bilan de l'opération de police lancée le soir du 26 août, après les remous de la vidéo diffusée le 24 août, s'est seulement soldé par une cinquantaine de contrôle pour détention de stupéfiants, mais aucune interpellation, ni saisie de drogue, seulement celle de deux scooters, selon France Bleu. Cette même source précise : «Au cours de la visite, les jeunes du quartier affirment au préfet de l'Isère que les armes utilisées étaient factices pour le besoin du tournage d'un clip de rap.»
C’est intéressant que l’Etat dise qu'il est présent, mais c'est dans le quotidien que ça se forge
Cet étalage de communication de la part du préfet et du ministre n'ont pas été du goût du maire de Grenoble, Eric Piolle, (Europe Ecologie-Les Verts), qui a déploré pour sa part sur BFMTV : «Rentrer dans cette logique de guerre de provocations avec les dealers, c'est malsain», estimant que les «dealers», supposés cherchaient avant tout à «faire du marketing» et de la «provocation».
«Je regrette fortement que le ministre s'engage dans cette logique où on pointe du doigt un quartier de telle ou telle ville», a-t-il dénoncé, avant d'assurer que le quartier Mistral n'était pas une zone de non-droit et de souligner : «Nous avons cette opération de communication, une demi-heure, pas d'arrestation : c'est vraiment de la com' ! [...] C’est intéressant que l’Etat dise qu'il est présent, mais pas sous cette forme : c'est dans le quotidien que ça se forge.»
Le préfet de l'Isère Lionel Beffre a d'ailleurs «assumé cette opération de communication» auprès de l'AFP, confirmant, selon l'agence de presse, qu'il s'agissait d'une réponse à une autre opération de communication des dealers : «Qu'aurait-on dit si l'Etat n'avait pas montré qu'il n'appartient lui-même pas à quelques-uns ? On aurait parlé d'inaction de l'Etat. Il s'agissait hier de réaffirmer sa place.»