France

«Je m'étouffe» : le choix jugé hasardeux des mots de Darmanin pour parler des «violences policières»

Auditionné en Commission des lois, le ministre de l'Intérieur a choisi – pour évoquer son aversion du terme «violences policières» – des mots à la résonance particulière. Ceux-ci ont notamment choqué la famille de Cédric Chouviat.

«Quand j'entends le mot "violences policières" personnellement je m'étouffe», a assuré le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors de son audition en Commission des lois le 28 juillet

Une déclaration certes dans la lignée de ce qu'avait exprimé son prédécesseur, Christophe Castaner, mais dont la forme a choqué dans un contexte où plusieurs personnes ont trouvé la mort après des interpellations policières. «Je ne peux plus respirer», avait notamment répété l'Américain Georges Floyd, dont la mort lors d'une interpellation aux Etats-Unis en mai a provoqué une vague internationale de manifestations.

«Cédric Chouviat : "J'étouffe" (x7). Adama Traoré : "Je n'arrive plus à respirer". Eric Garner et George Floyd : "I can't breathe". Gérald Darmanin : "Quand j'entends 'violences policières', moi, personnellement, je m'étouffe"», a tweeté le journaliste Etienne Baldit, ouvrant ainsi la voie à une multitude de réactions, y compris chez la famille de victimes présumées de la police. Cédric Chouviat est décédé à Paris en janvier d'une asphyxie avec fracture du larynx, après avoir été plaqué au sol par plusieurs policiers. Il avait répété «j'étouffe» à plusieurs reprises.

«Mais quelle honte monsieur Darmanin. "Vous vous étouffez ?????" Nous attendons vos excuses et surtout une réponse positive à notre demande de suspension en attente de procès», s'est indignée la sœur de Cédric Chouviat. 

Son avocat Arié Alimi a lui affirmé que le ministre avait «dépass[é] toutes les limites de la décence». 

«La police exerce une violence certes mais une violence légitime»

«C'est une expression française utilisée communément, comprise par tous. Il n'y avait aucune arrière-pensée. Il ne s'agit en aucun cas d'un parallèle dans une affaire où des mises en examen ont été prononcées», a assuré à l'AFP l'entourage de Gérald Darmanin.

«La police exerce une violence certes mais une violence légitime. [...] Elle doit le faire de manière proportionnelle, elle doit le faire de manière encadrée. Que quelques personnes le fassent en dehors des règles déontologique, la sanction doit être immédiate», avait ajouté le ministre lors de son audition. 

Pour Gérald Darmanin, le terme «violences policières» est «antinomique». «Il peut y avoir des dérives, qu'on doit sanctionner et je pense que le gouvernement les sanctionne et s'il ne le fait pas, la presse, les syndicats, les parlementaires rappellent à la hiérarchie policière, au ministre de l'Intérieur, ce qu'il doit faire et c'est bien légitime», a-t-il précisé. 

Les «violences policières» ont régulièrement été dénoncées lors des manifestations de Gilets jaunes et plus récemment lors de marches en hommage à Adama Traoré, décédé après l'intervention des forces de l'ordre.