«La République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire», avait déclaré le chef de l'Etat le 14 juin. Pourtant, les activistes anti-colonialistes en Martinique ne semblent pas être intimidés par les déclarations du chef de l'Etat.
Plusieurs individus se sont en effet filmés en train d'arracher la plaque de la rue Victor Hugo à Fort-de-France, avant de publier la vidéo sur les réseaux sociaux le 26 juillet. Interrogé par RT France, le cabinet du préfet de la Martinique a fait savoir que la scène avait bien eu lieu.
Comme l'a également confirmé le cabinet du préfet, celle de la rue portant le nom de Charles de Courbon (1622-1696), le Comte de Blénac, plusieurs fois gouverneur général des îles d'Amérique entre 1677 et sa mort, a aussi été arrachée au motif que celui-ci était un des contributeurs du Code Noir, édit royal de 1685 régissant l'esclavage dans les colonies française. Information également confirmée par le cabinet du préfet auprès de RT France.
La diffusion de cette vidéo a vivement fait réagir sur Twitter, notamment l'essayiste et chroniqueur Eric Naulleau qui s'en est offusqué.
«Déboulonner une plaque au nom de Victor Hugo au motif délirant qu’il aurait été esclavagiste... ne cherchez plus vos invités pour le prochain dîner de cons», a-t-il expliqué sur le réseau social.
Semblant réagir à la vidéo, le journaliste Frédéric Hermel a lui regretté cet acte, là encore sur la même plateforme : «Je ne m’en remets toujours pas. Jamais je n’aurais imaginé que l’on puisse un jour, en France, s’en prendre à Victor Hugo. Quelle tristesse...»
«Victor Hugo était en avance sur son temps. Les idées les plus égalitaires et généreuses qui existent aujourd’hui lui doivent énormément. Ôter son nom d’une rue sous prétexte qu’il ne pensait pas sur tous les sujets comme un homme du XXIe siècle est profondément stupide», s'est ému de son côté un internaute à ce sujet, toujours sur Twitter.
L'écrivain français se voit notamment reprocher son amitié avec Victor Schœlcher (dont deux statues ont déjà été renversées en Martinique) ou encore son discours sur l'Afrique du 18 mai 1879 où il faisait l'apologie de la colonisation.
«Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie elle-même a son histoire ; l’Afrique n’a pas d’histoire. Une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe», avait-t-il affirmé lors de ce banquet célébrant l'abolition de l'esclavage dont il était un fervent partisan.
«Cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la barbarie ; déserte, c’est la sauvagerie», ajoutait-il.
Concernant les récents évènements en Martinique, la préfecture a assuré que ces dégradations étaient «inadmissibles» et le fait «d'une minorité violente».
«Des commissions mémorielles ont été mises en place. Laissons-les faire leur travail», a ajouté la préfecture, certainement dans l'espoir d'apaiser les esprits.