L'union des forces de gauche et écologistes dans la capitale connaît son premier couac. Visant les conseillère de Paris Europe Ecologie-Les Verts Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu – qui ont participé à la manifestation de féministes et d'écologistes dénonçant une proximité passée de son adjoint à la Culture, Christophe Girard, avec l'écrivain Gabriel Mazneff, soupçonné de viols sur mineurs – Anne Hidalgo a estimé qu'elles s'étaient placées «d’elles-mêmes en dehors de la majorité municipale».
Dans quelle démocratie vivons-nous où le droit est piétiné par la rumeur, les amalgames et les soupçons ?
La maire de Paris a également annoncé qu'elle «déférerait devant les tribunaux les graves injures publiques qui ont été dirigées contre la mairie de Paris». «Mairie de Paris : bienvenue à pédoland», c'est l'inscription que l'on pouvait en effet lire sur une banderole déployée devant l'Hôtel de ville de Paris le 23 juillet. Anne Hidalgo a aussi exprimé toute son «affection» et son «soutien» à son «ami» Christophe Girard, «victime d’un déversement de haine et de violence inacceptable». La veille, l'édile de Paris s'était dite «écœurée». «Dans quelle démocratie vivons-nous où le droit est piétiné par la rumeur, les amalgames et les soupçons ?», s'interrogeait-elle.
Ce même jour au Conseil de Paris, la majorité des élus a longuement salué l'ancien adjoint à la Culture lors d'une standing ovation initiée ainsi par le préfet de Paris, Didier Lallement : «J’adresse un salut républicain à Christophe Girard qui m’a donné hier une grande leçon de dignité et je veux saluer l’homme.» A ce moment, la conseillère de Paris Alice Coffin s'est écriée : «Honte à vous !».
Rémy Féraud, président du groupe majoritaire Paris en Commun et sénateur socialiste, a quant à lui dénoncé une banderole «indigne». Dans un communiqué, il fait état de «[sa] colère [...] et de [son] dégoût face à la violence et à la haine».
Pour la sénatrice PS Marie-Pierre de La Gontrie, la décision de Christophe Girard est «respectable et regrettable [...] car injuste». Elle a également pointé le comportement des élus verts qui ont initié le mouvement de protestation entraînant la décision de l'adjoint à la Culture de démissionner.
Les élus PCF et PS qui se sont joints à cette démonstration d'affection envers Christophe Girard ne sont pas les seuls personnalités de gauche à avoir choisi de faire montre de leur soutien. L'ancien ministre socialiste de la Culture Jack Lang a comparé la manifestation devant l'hôtel de ville à un «maccarthysme culturel», faisant référence à la chasse aux sorcières communiste qui avait cours aux Etats-Unis pendant la guerre froide. «La démission forcée de Christophe Girard est attristante. Cet homme qui se bat avec talent et courage pour les arts, pour la culture, pour la liberté est contraint de renoncer à sa mission. C’est inacceptable», s'est-il désolé.
Interrogé récemment par l'AFP, Christophe Girard a nié toute proximité avec Gabriel Matzneff qui lui a dédié La Prunelle de mes yeux et qui l'a qualifié dans les années 2000 d'un de ses amis «les plus proches».