France

En Guyane, des manifestants brûlent des pneus devant la préfecture pendant une audition sur le Covid

En pleine vidéo conférence entre des responsables régionaux de Cayenne et le Sénat, des manifestants réclamant plus de moyens, ont mis le feu à des pneus et à des palettes devant la préfecture. Le bâtiment a dû être évacué.

Une épaisse fumée noire et des flammes ont léché l'entrée de la préfecture de Guyane, à Cayenne, pendant que le préfet de région Marc Del Grande et la directrice générale de l’Agence régionale de Santé (ARS) Clara de Bort étaient entendus le 21 juillet par la commission d’enquête du Sénat en visioconférence au sujet de la gestion de l’épidémie de coronavirus. Une manifestation réclamant plus de moyens pour la région d'Outre-mer a mis fin aux discussions de manière soudaine. Le bâtiment a en effet dû être évacué.  

«Eh bien écoutez, je suis obligée de vous quitter mesdames, messieurs. Nous devons évacuer le bâtiment...», a ainsi dû annoncer Clara de Bort à ses interlocuteurs parisiens alors qu'elle était en train d'expliquer le fonctionnement d’un «groupe contact» sur des remontées de terrain hebdomadaires aux autorités régionales.

A l'extérieur, des dizaines de manifestants étaient rassemblés à l’appel de plusieurs organisations dont UTG (Union des travailleurs guyanais, proche de la CGT), le parti socialiste guyanais (PSG) et l'association Trop Violans. Leur action coup de poing visait à demander davantage de moyens pour les services de santé et notamment des moyens de réanimation à l'hôpital, alors que la Guyane est le territoire français le plus touché outre-mer par le Covid-19, avec 40 morts et 6 851 cas depuis mars recensés par les autorités sanitaires.

Nous avons été à deux doigts d'un incendie généralisé à la préfecture

«Alors que j'étais dans le bureau [...], on m'a informé que des pneus et du bois brûlaient devant la préfecture», a raconté le 21 juillet soir le préfet Marc Del Grande à l'AFP. «Nous avons été à deux doigts d'un incendie généralisé à la préfecture [...] C'est un acte inacceptable qui aurait pu avoir des conséquences gravissimes pour un édifice public dont la construction a commencé en 1729 et qui fait partie du patrimoine guyanais», a-t-il souligné. Le préfet a pourtant assuré que «tout avait été fait par les services de l'Etat pour éviter les provocations».

Le collectif Mayouri Santé Guyane, émanation en partie de l'association Trop Violans, demande notamment de porter à 50 lits de réanimation la capacité hospitalière en Guyane, dont quatre à Kourou, dépourvue de service réanimation. La semaine dernière, l'Agence régionale de santé (ARS) avait promis l'ouverture prochaine de deux lits de réanimation à Kourou.

La manifestation était partie symboliquement à 300 mètres de la préfecture, de la place Schoelcher dont la statue a été renversée le 18 juillet.