Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a été auditionné pour la première fois ce 20 juillet par la commission des lois de l'Assemblée nationale sur l'indépendance du parquet, les mineurs et les moyens de la justice. A cette occasion, Eric Dupond-Moretti a affirmé vouloir réformer la justice des mineurs, qu'il propose d'encadrer à l'aide d'un nouveau dispositif, encore à l'état de réflexion.
«Je ne serai pas le ministre du tout-répressif», a-t-il affirmé lors d'une de ses prises de paroles, soulignant toutefois n'avoir «ni baguette magique, ni matraque» pour ses travaux à venir.
«Un militaire pour idole»
Au cours de son audition, le ministre de la Justice a exprimé son enthousiasme pour une proposition d'encadrement militaire des mineurs délinquants, dont il a reconnu qu'elle était partagée tant par l'ancienne ministre de l'Environnement Ségolène Royal (PS) que par le député LR Eric Ciotti, et qui pourrait, selon lui, faire l'«unanimité sur une grande partie de l'échiquier politique». «J'envisage avec le ministre des Armées de reprendre une proposition qui a trotté dans la tête de monsieur Eric Ciotti», a énoncé le garde des Sceaux. Voulant que cette proposition «ait de la gueule», il a néanmoins précisé qu'il lui faudrait du temps pour en formuler les contours juridiques.
«Je dis que quand on regarde certains gamins avec respect, ils deviennent respectables. Je dis que quand je regarde certains gamins comme s'ils étaient français, ils deviennent français», a déclaré Eric Dupond-Moretti. Souhaitant que chaque mineur incarcéré ressorte «moins mauvais [de prison] qu'il n'y est rentré», le garde des Sceaux ajoute qu'il «préfère qu'[un mineur délinquant] ait un militaire pour idole [plutôt] qu'un islamiste radical ou un caïd». Et de poursuivre : «Je veux être raisonnable et il est des cas où, malheureusement, la prison est un mal nécessaire.»
«Je souhaite évidemment qu'il y ait le moins d'incarcération possible de mineurs chaque fois que c'est possible, ça va de soi», a ensuite pondéré le garde des Sceaux, plaidant de manière générale pour une diminution de la détention provisoire, qui doit rester «exceptionnelle».
«Si la répression était la solution, il y a des siècles que nous le saurions», a fait valoir Eric Dupond-Moretti, assurant vouloir «discuter avec tout le monde, mais pas avec les populistes».
En France, plus de 80% des mineurs détenus sont en attente de jugement, selon l'AFP.