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France : le Covid-19 circule toujours, plusieurs départements sous surveillance

Alors qu'une deuxième vague est redoutée pour l'automne, trois départements abritant des foyers de contamination sont actuellement surveillés. D'autre part, des chercheurs constatent que le Covid-19 pourrait provoquer des séquelles au cerveau.

Le coronavirus circule toujours. En déplacement à Dijon ce 10 juillet, le Premier ministre Jean Castex a voulu donner le bon exemple en portant ostensiblement un masque et en appelant tous les acteurs à en faire autant.

Se prémunir d'une deuxième vague

«J'ai demandé à tous les acteurs de porter de plus en plus le masque pour nous prémunir au mieux d'une éventuelle deuxième vague de l'épidémie sur laquelle je n'ai pas d'information, ni officielle ni cachée, mais la meilleure façon de la combattre, c'est de la prévenir», a souligné le chef du gouvernement. «Les Français ont envie de vacances, envie d'oublier tout ce qu'ils ont vécu au cours de ces mois. [...] Il y a une chose qu'ils ne doivent pas oublier, ce sont les gestes barrières», a déclaré pour sa part le ministre de la Santé Olivier Véran, sur BFMTV/RMC. 

Il y a un relâchement de certains comportements dans certaines situations, dans tous les milieux

«Ils ne doivent pas oublier que le virus circule, il ne faut pas que ce soit omniprésent dans leur tête, il ne faut pas vivre dans l'angoisse permanente, il faut vivre dans la vigilance», a fait valoir le ministre.

«J'observe qu'il y a un relâchement de certains comportements dans certaines situations, dans tous les milieux», a-t-il annoncé, en incluant le gouvernement, où certains n'ont pas respecté la distanciation physique lors des passations de pouvoir.

Ce relâchement a aussi été constaté par le président du conseil scientifique Covid-19, Jean-François Delfraissy. Dans une interview pour Libération, le 9 juillet, il s'est inquiété du «fait que les Français, en général, ont abandonné les gestes barrières» : «Les mesures de distanciation sociale sont de moins en moins appliquées, sauf dans les transports – et la population la plus âgée reste, elle, vigilante et fait attention.»

«A ce stade, il n'y a pas lieu d'envisager [un reconfinement] puisque nous sommes en train de maîtriser la circulation du virus», a malgré tout rassuré Olivier Véran, relevant un taux de positivité de 1,1% sur les 350 000 tests réalisés chaque semaine : «Sur 100 Français qui se font tester, 99 n'ont pas le Covid.»

Clusters : la Mayenne, Mayotte et la Guyane sous surveillance

Même en Mayenne, où l'apparition de plusieurs clusters (six au total) a entraîné la mise en place d'un dépistage massif, «le virus à ce stade n'a pas montré qu'il est capable de circuler en dehors de ces zones», a ajouté Olivier Véran. Le maire de Laval (préfecture de la Mayenne), Florian Bercault, a néanmoins décidé d'annuler tous les événements publics dans la ville jusqu'au 27 juillet, dont le traditionnel feu d'artifice du 14 juillet.

Olivier Véran a en outre indiqué travailler pour la mise en place, «dans les prochains jours», dans les aéroports «où ce sera possible», de tests salivaires pour les voyageurs arrivant de pays à risque. Ils leur seront «proposés [car] on ne peut pas contraindre quelqu'un à avoir un test», a-t-il poursuivi. 

Outre la Mayenne, la Guyane et Mayotte représentent deux départements «en situation de vulnérabilité». Dans ces deux territoires, l’état d’urgence sanitaire est prolongé «jusqu’au 30 octobre inclus» alors qu'il s'arrête en France métropolitaine le 10 juillet à minuit. En Guyane, un pic de l'épidémie est prévu pour mi-juillet, fin-juillet.

En outre, le 10 juillet, 23 salariés d'un prestataire d'EDF travaillant sur le site de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loir (Cher) ont été testés positifs au Covid-19 lors d'une campagne de dépistage, a annoncé l'Agence régionale de santé (ARS) du Centre-Val de Loire. «523 salariés ont ainsi été testés à ce jour. Parmi ces 523 salariés, 23 salariés ont été détectés positifs. Les personnes concernées sont toutes placées en isolement», écrit l'ARS.

Des séquelles sur le cerveau ? 

Les conséquences d'un point de vue médical de la contamination au coronavirus font encore l'objet de recherches. Cependant, une étude britannique publiée dans la revue scientifique Brain et relayée par The Guardian constate que des malades peu atteints peuvent être sujets à des séquelles neurologiques.

Si les infections sévères au Covid-19 sont connues pour comporter des risques de complications neurologiques, les recherches menées par l'University College London (UCL) suggèrent ainsi que de graves problèmes peuvent survenir même chez ceux présentant des formes bénignes. L'équipe s'est penchée sur les symptômes neurologiques de 43 patients hospitalisés pour une maladie Covid-19 confirmée ou suspectée. Parmi eux, dix cas de dysfonctionnement cérébral temporaire, 12 cas d'inflammation cérébrale, huit accidents vasculaires cérébraux (AVC) et huit cas de lésions nerveuses ont été répertoriés.

D'autres chercheurs ont dévoilé le 8 juillet des travaux montrant par ailleurs que les mères positives au Covid-19 peuvent transmettre le virus à leurs enfants à naître, d'après de «solides preuves». Claudio Fenizia, de l'Université de Milan et auteur principal de l'étude, a déclaré que les résultats «suggéraient fortement» qu'une transmission in utero était possible. «Bien que la transmission in utero semble possible, il est trop tôt pour évaluer clairement le risque et les conséquences potentielles», a-t-il dit.

Le Covid pourrait aussi se transmettre dans l'air

Le 7 juillet, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a par ailleurs reconnu que des preuves commençaient à émerger sur la transmission par l'air du Covid-19, avertissant que «l'épidémie s'accélérait» dans le monde. «Nous reconnaissons que des preuves émergent dans ce domaine et par conséquent nous devons être ouverts à cette possibilité, et comprendre ses implications», a déclaré Benedetta Allegranzi, une responsable de l'OMS, lors d'une conférence de presse virtuelle.

La veille, un groupe de scientifiques internationaux avait sonné l'alarme sur ce mode de contagion. «La possibilité d'une transmission par voie aérienne dans les lieux publics, particulièrement bondés, ne peut pas être exclue. Les preuves doivent toutefois être rassemblées et interprétées», a poursuivi Benedetta Allegranzi, recommandant «une ventilation efficace dans les lieux fermés, une distanciation physique». «Lorsque ce n'est pas possible, nous recommandons le port du masque», a-t-elle ajouté.