Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, à paraître le 18 juin, l'ancien Premier ministre Manuel Valls livre son analyse sur les récentes manifestations contre les violences policières et le racisme en France.
«La mort d'Adama Traoré est un drame [qui est] instrumentalisé par [sa] sœur, Assa, et le collectif de soutien», estime-t-il, après les rassemblements des 2 et 13 juin. «J’établis évidemment une distinction entre les organisateurs de [ces] manifestations et ceux qui s’y rendent en toute bonne foi, qui sont indignés par le racisme et veulent le dénoncer. C’est un mouvement planétaire qui est plutôt sain», ajoute-t-il.
«Les comparaisons avec le meurtre raciste et ignoble de George Floyd sont inacceptables car elles servent à accuser la France d’être raciste, à démontrer un supposé racisme d’Etat», poursuit l'ancien Premier ministre. «La police, comme la gendarmerie, est profondément républicaine», soutient-il.
Selon lui, «cette logique de la victimisation est renforcée grâce aux liens entre le mouvement indigéniste et une partie de la gauche : le NPA, des écologistes, une frange de La France insoumise, du PC, voire une minorité du Parti socialiste».
Pour Manuel Valls, «la lutte des classes disparaît au profit de l'affrontement, de la guerre entre races. Cette guerre est terrible, car elle essentialise en fonction de la couleur de peau. Elle s’agrège mais elle est aussi en concurrence avec l’islam politique. C’est un cocktail explosif».
Le PS «consterné par cette phrase»
Interrogé sur RTL, le premier secrétaire du PS Olivier Faure s'est dit «consterné par cette phrase» de l'ancien chef du gouvernement. «Comment peut-on dire cela ?», s'est offusqué Olivier Faure pour qui la «question sociale est aujourd'hui centrale et on ne peut pas dire qu'elle a été remplacée par une guerre des races». «C'est une thèse qui est habituellement portée par l'extrême droite donc je ne vois pas très bien où il veut en venir», a encore critiqué le député de Seine-et-Marne.
Du côté de l'Elysée, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, qui a relancé le débat sur les statistiques ethniques, a fait savoir qu'elle ne «partageait pas tout à fait cette analyse». «Ces propos lui appartiennent et je ne les commenterai pas plus avant», a-t-elle réagi à l'issue du Conseil des ministres.
Interrogé sur une entrée éventuelle au gouvernement, Manuel Valls, aujourd'hui conseiller municipal de Barcelone, a répondu : «Je ne demande rien. Je reste attentif à ce qui se passe en France.»