Le président du groupe de La République en marche Gilles Le Gendre vient conforter l'hypothèse d'un remaniement probable du gouvernement dans les semaines à venir. Selon une note qu'il a envoyé au chef de l'Etat Emmanuel Macron, le député de Paris s'est permis quelques suggestions. Marianne a pu révéler certaines d'entre elles le 5 juin.
Gilles Le Gendre étrille Edouard Philippe et mise sur Bruno Le Maire pour le remplacer à Matignon
Rapidement, il lance une pique à l'encontre de l'actuel Premier ministre Edouard Philippe : «Le choix du Premier ministre doit remettre le tandem de l’exécutif dans le bon sens.» Il reproche d'ailleurs à Edouard Philippe de ne pas «intervenir dans les affaires de la majorité» , ajoutant : «Le gouvernement doit être un vrai collectif, ce qui n’a jamais été le cas pendant trois ans.»
Reste qu'il faut un remplaçant à Edouard Philippe. Et pour Gilles Le Gendre, cela se joue entre Jean-Yves Le Drian et Bruno Le Maire. Car dans le groupe parlementaire de la majorité, selon lui, «aucun candidat [n'est] crédible».
Toutefois, pour le parlementaire parisien, ni Bruno Le Maire, ni Jean-Yves Le Drian ne semblent également parfaits pour le costume : «Aucune solution ne réunira tous les critères.» Il place en outre quatre outsiders à la fonction : le ministre de la Santé Olivier Véran, le ministre chargé des Relations avec le Parlement Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume et le président Les Républicains (LR) de la Région Grand Est, Jean Rottner.
Parmi les deux favoris, Gilles Le Gendre privilégierait la carte Bruno Le Maire car Jean-Yves Le Drian risquerait de peu «appuyer l’élan que nous souhaitons donner». A l'inverse, Bruno Le Maire «porterait parfaitement la reconstruction». S'il concède que l'actuel ministre de l'Economie a «un faible charisme», ses «pensées et discours» seraient pour leur part «limpides».
Par ailleurs, selon Gilles Le Gendre, le futur Premier ministre devra «essentiellement» être «un animateur, l’incarnation de la politique gouvernementale auprès de l’opinion».
Contacté par le magazine, un proche du président confirme la probabilité de voir Bruno Le Maire ou Jean-Yves Le Drian à Matignon : «Si Philippe s’en va, il n’y a que quatre options, Bayrou, Ferrand, mais ils sont empêchés par les affaires, et Le Maire ou Le Drian.»
Le retour de Valls, Castaner aux Armées, Le Gendre se place lui-même en remplaçant de Sibeth Ndiaye...
Pour le reste du gouvernement, Gilles Le Gendre veut redonner une impulsion à la société civile avec trois noms : le patron de la Caisse des dépôts Eric Lombard, le directeur de Sciences-Po Paris Frédéric Mion et la directrice générale de Suez Marie-Ange Debon.
Le député a aussi souhaité aborder «un cas complexe», celui de Manuel Valls, estimant que «nous n’avons pas tant d’atouts dans notre jeu pour négliger ce poids lourd». Il propose ainsi de la placer à la tête du ministère des Affaires étrangères, remplaçant ainsi Jean-Yves Le Drian. Celui-ci serait alors propulsé à l'Intérieur. Que Christophe Castaner ne soit pas en peine, il serait redirigé vers le ministère des Armées. Un joli jeu de chaises musicales.
Si Gilles Le Gendre a fait une liste complète du futur gouvernement, plusieurs détails peuvent faire tiquer le président voire la majorité, en vue d'une reconquête de l'opinion publique. Ce nouveau monde vu par Gilles Le Gendre restreindrait le nombre de femmes en tant que ministres. Au mieux, il a redirigé l'actuelle ministre des Armées Florence Parly au Travail et placé Marie-Ange Debon à l’Industrie. La controversée Agnès Pannier-Runacher serait pour sa part secrétaire d'Etat au Budget.
Evidemment, Gilles Le Gendre a de la suite dans les idées puisqu'il se verrait bien remplacer la «madame Couac» de la macronie, Sibeth Ndiaye en tant que porte-parole du gouvernement et ministre des Relations avec le Parlement.
Gilles Le Gendre propose enfin la création d'un «ministère de la Reconstruction [...] englobant tous les domaines stratégiques : économie, écologie, travail».
Reste que ce gouvernement laisse aussi très peu de place aux écologistes. Nul doute, toutes les propositions de Gilles Le Gendre ne seront pas acceptées. L'exécutif a d'ores et déjà lancé sa communication autour d'un cap «vert» et d'une orientation politique qui mangerait sur les plates-bandes d'Europe Ecologie Les Verts. Ne pas voir y figurer un seul nom proche des mouvements écologistes semble peu probable. D'autant plus que 2022 est déjà dans toutes les têtes.
BG