La scène avait créé la polémique : le 1er décembre 2018, à l'occasion de l'acte 3 des Gilets jaunes à Paris, des manifestants qui avaient trouvé refuge dans un Burger King pour tenter de sortir d'un épais nuage de gaz lacrymogène avaient reçu de violents coups de matraque de la part d'une compagnie de CRS.
Les vidéos publiées sur les réseaux sociaux avaient profondément choqué, soulevant un sentiment d'indignation des soutiens des Gilets jaunes. Le magazine de France 2 Envoyé Spécial a retrouvé quelques uns des acteurs de scène, notamment deux photographes indépendants, qui s'étaient eux aussi réfugiés dans le fast-food.
«Tout était intact dans le Burger King. Il n'y avait pas un tag, pas un truc cassé, pas une cannette volée», racontent-ils, soulignant qu'il est absurde d'imaginer que les Gilets jaunes puissent être rentrés pour piller le fast-food, étant donné qu'ils arrivaient à peine à respirer.
Il se passe un truc qui n'est vraiment pas normal dans une démocratie
Après qu'ils les ont matraqués à l'intérieur, les CRS ont formé une «haie d'honneur» à l'entrée du Burger King, devant lequel étaient contraints de passer les Gilets jaunes. «Ils viennent de se faire taper à l'intérieur, ils sortent, ils se refont taper, ça donnait vraiment un sentiment d'expédition punitive. [Les forces de l'ordre] n'arrêtent personne, ils se font juste plaisir, ils se vengent de leur journée qui a été rude. [...] Là, il se passe un truc qui n'est vraiment pas normal dans une démocratie», estime un des deux photographes.
Plusieurs manifestants ont porté plainte contre les forces de l'ordre. L'enquête pour déterminer s'il y a eu des violence policières est toujours en cours. En novembre dernier, Le Monde révélait que la branche parisienne de l'IGPN avait diligenté en conclu une enquête préliminaire. Les auditions des deux gradés sur place (un commandant divisionnaire et un capitaine) n'avaient toutefois pas permis d'établir l'identité des fonctionnaires impliqués. Les deux officiers avaient assuré qu'ils ne parvenaient pas à identifier leurs hommes.
Pourtant selon le journal, sur les images de vidéosurveillance du restaurant, on distingue clairement les visages de certains policiers dont la visière du casque de maintien de l'ordre est relevée. Le quotidien du soir notait aussi qu'il avait eu accès à des «rapports confidentiels» qui documenteraient un emploi «injustifié» de la force, mais préciseraient également le contexte de «grande pression» dans laquelle les policiers devaient travailler ce jour-là.