«Dans cette période si particulière où les mises en cause de notre action sont permanentes et de plus en plus agressives, je veux vous dire qu'il ne faut pas douter», a écrit le 10 juin le préfet de police Didier Lallement dans une lettre intitulée «Ne doutez pas !». Le contenu de la lettre diffusée le 11 juin sur les réseaux sociaux a été confirmé à RT France par une source policière. «Ne doutez pas de la République», «ne doutez pas de la police nationale», «ne doutez pas de vos patrons policiers», «ne doutez pas de vous», poursuit le préfet. «Oui, il peut y avoir des racistes dans nos rangs comme il y en a malheureusement dans toutes les professions, ni plus ni moins», selon Didier Lallement. «Oui, ils doivent être écartés et nous continuerons à le faire».
Pour le préfet, «si le doute est possible dans cette période, il ne doit pas paralyser l'action de sécurité que les citoyens attendent. Je sais qu'il vous faut des moyens pour continuer votre travail, notamment pour réaliser des interpellations en toute sécurité».
Sans vous, pas de confinement réussi
Le 8 juin, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé plusieurs mesures destinées à améliorer la déontologie des forces de l'ordre et notamment la fin de la méthode d'interpellation dite «d'étranglement». Ces annonces ont fait fortement réagir les syndicats de police qui doivent être reçus les 11 et 12 juin par le ministre.
«Ceux qui prétendent que la violence est structurelle dans nos actions, mentent», poursuit le préfet dans son courrier. «Sans vous, pas de confinement réussi», «sans vous, ce pays ne peut fonctionner et chacun le sait», ajoute-t-il. «Ne doutez pas car le doute fragilise et rend la mission plus difficile», précise Didier Lallement enjoignant aux policiers de continuer «d'être ce que vous n'avez jamais cessé d'être : des gardiens de la paix et de l'ordre public, des adversaires résolus de la délinquance, des sauveurs de victimes». Le 2 juin, le préfet de police avait déjà apporté son soutien par mail à ses policiers face aux «accusations de violence et de racisme».
Nous demandons de la cohérence dans la politique sécuritaire de ce gouvernement : soit on est pour les voyous, soit on est contre !
Le directeur de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux écrit, de son côté, le 11 juin : «Face aux confusions et aux amalgames entretenus par une minorité, je partage avec vous le sentiment d'une profonde injustice». «Nous ne sommes jamais dans le déni, mais toujours très sévères à l'égard de ceux qui trahissent notre idéal», poursuit-il, «la seule chose qui compte pour moi est de vous permettre d'accomplir votre mission dans les meilleures conditions». «La plus lourde des mes responsabilités est de tout mettre en œuvre pour que chacun d'entre vous puisse rentrer chez lui après son travail, sans avoir été blessé ou mis en cause injustement», ajoute-t-il enfin.
Mais certains policiers doutent !
Lors du rassemblent policier à Paris ce 12 juin à l'appel d'une intersyndicale du secteur, plus d'un fonctionnaire a fait part de ses doutes à RT France qui s'est rendu sur place : des doutes émis envers l'institution parfois («Rien ne va plus dans la maison police» nous confiait un ponte syndical en off), mais envers l'exécutif en particulier.
L'association de policiers en colère UPNI, jointe par téléphone a également fait part de sa rage : «On ne peut que douter d'un pouvoir qui s'avoue lui-même aux aguets de la moindre faute du policier et qui envoie les flicards au carton !», tonne l'ancien commandant de police et porte-parole de l'organisation, Jean-Pierre Colombies.
Ce dernier préconise, sans détour : «Que Macron renvoie Castaner à Forcalquier [ville dont il a été maire]. Garder cet homme à ce poste, ainsi que Belloubet à la Justice, Ndiaye en porte-parole et Lallement à la préfecture de police, c'est valider toutes les absurdités qu'ils profèrent ! Le préalable à toute discussion avec Beauvau, ce serait au moins de nettoyer les écuries d'Augias. Et que quelqu'un rappelle à Didier Lallement sa fameuse doctrine de contact, de répression forte avec les Gilets jaunes, avec la validation de ce pouvoir ! C'est cette tendance forte du pouvoir qui a mené à cette fragmentation sociale actuelle. Par ailleurs, nous demandons surtout de la cohérence dans la politique sécuritaire de ce gouvernement : soit on est pour les voyous, soit on est contre ! On ne peut pas faire montre d'ultra-réaction face aux Gilets jaunes et d'ultra-tolérance pour le gang de malfrats devant qui se couche l'exécutif à l'heure actuelle. Les policiers n'y voient absolument pas clair.»