France

Prison : un rapport du CGLPL critique la gestion des détenus radicalisés

Le CGLPL a rendu un rapport mettant en lumière une prise en charge «insatisfaisante» des détenus dans les unités dédiées à la prévention de la radicalisation. Le syndicat UNSA-UFAP s'est insurgé contre une analyse «idéologique» selon lui.

Le rapport du contrôleur des prisons Adeline Hazan, rendu public le 10 juin et portant sur la gestion des détenus radicalisés, est sévère avec l’administration pénitentiaire. Le Contrôle général des lieux de privation de liberté (CGLPL) juge «insatisfaisante» la prise en charge des détenus dans les unités dédiées à la prévention de la radicalisation créées il y a cinq ans.

«La catégorie pénitentiaire quasi-autonome des "personnes radicalisées", terroristes islamistes ("TIS") et détenus de droit commun susceptibles de radicalisation ("DCSR") repose sur un processus de repérage dépourvu de toute garantie procédurale […] La création d’une catégorie pénitentiaire spécifique constitue un risque pour les droits fondamentaux», fait valoir le troisième rapport du CGLPL sur le sujet.

Les critères présidant à l’intégration de personnes détenues au sein de la catégorie des «personnes radicalisées» sont «opaques et discriminants» et «ne donne[nt] lieu à aucune information de la personne concernée», est-il encore précisé dans l’étude basée sur des entretiens réalisés dans sept établissements.

De plus, le document pointe «la mise en place de quartiers spécifiques [qui] s’inscrit dans la logique de l’administration pénitentiaire de multiplier des régimes dits "différenciés" à connotation disciplinaire». «Le placement au quartier d’isolement préconisé […] devient une affectation officielle, de longue durée qui revient à faire de l’isolement un régime de détention autonome et durable appliqué sans fondement juridique», est-il ajouté.

L’UNSA-UFAP Pénitentiaire s'insurge contre le rapport

Un avis que ne partage pas Wilfried Fonck, secrétaire national de l’UNSA-UFAP Pénitentiaire.

Interrogé par RT France, il regrette que «la CGLPL [soit] une fois encore dans son rôle et privilégie l’idéologie qui est la sienne plutôt que les idéaux que peuvent véhiculer l’UNSA-UFAP Justice». «Dire que les droits fondamentaux ne sont pas respectés. Je demande à voir», s'insurge-t-il.

«Nous n’avons pas attendu la CGLPL […] pour être critiques à l’égard des unités dédiées [aux détenus radicalisés] et de ce qui s’est fait depuis 2015», souligne-t-il, admettant : «La prise en charge est totalement inefficace car on ne veut pas aller jusqu’au bout du raisonnement.»

C’est un régime de détention ordinaire et pas un régime d’exception, d’isolement ou disciplinaire

Sur les conditions de détention, le syndicaliste émet là encore des doutes. «Les conditions de détention sont loin d’être précaires […] Je tiens à rappeler que dans les maisons d’arrêt […] on [a] un taux de surpopulation énorme. Aujourd’hui, quand vous êtes un détenu terroriste ou radicalisé […] vous êtes seul en cellule», assure-t-il. «C’est un régime de détention ordinaire et pas un régime d’exception, d’isolement ou disciplinaire», conclut-il.