France

Nombre record de saisines de l'IGPN en 2019, notamment pour «violences volontaires»

La police des polices fait valoir que la multiplication des manifestations sur le territoire permet en partie d'expliquer la hausse des saisines de ses services en 2019. Son rapport annuel sort dans un contexte polémique pour les forces de l'ordre.

L'inspection générale de la police nationale (IGPN) s'est vu confier 1 460 enquêtes en 2019, en hausse de 23,7% en un an, selon son rapport annuel dont l'AFP a eu connaissance ce 8 juin.

Avec 310 dossiers sur la seule année 2019, «le mouvement des Gilets jaunes a entraîné une sur-sollicitation de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN)», précise ce rapport dont la parution intervient en plein cœur d'une nouvelle polémique sur l'utilisation de la force par les forces de sécurité intérieure

Sur les 1 460 enquêtes confiées l'année dernière à l'IGPN par la justice, un niveau sans précédent, 868 portent sur des «violences volontaires», un chiffre qui a bondi de 41% en un an (+256). L'IGPN mène aussi des enquêtes disciplinaires administratives pour le compte des autorités policières.

Ces recours à la force contestés relèvent pour 38,8% d'interventions ou d'interpellations dans le cadre de manifestations, pour 12,8% de contrôles d'identité ou routiers et 14,1% découlent d'«allégations de violences sur des personnes retenues».

Cependant Brigitte Jullien, directrice de cette institution parfois critiquée pour son manque supposé d'indépendance vis-à-vis du pouvoir, a rappelé que «ces saisines de l'autorité judiciaire ne constituent pas une présomption de faute des agents.» Le rapport précise d'ailleurs, selon l'AFP, que «cette approche erronée rend encore plus compliquée la compréhension in fine des décisions nombreuses de classement [sans suite] qui sont prises par l'autorité judiciaire et, en aucun cas, par l'IGPN».

Selon Brigitte Jullien, sur les 399 dossiers Gilets jaunes transférés à l'IGPN depuis le début du mouvement en novembre 2018, 130 concernent des blessures graves et 274 ont été transmis à la justice. Elle détaille auprès de l'AFP : «On a une douzaine de policiers qui sont susceptibles de faire l'objet de poursuites judiciaires.»

Plus de manifestations, donc plus de saisines, selon l'IGPN

Selon la police des polices, le niveau inédit d'enquêtes qui lui ont été attribuées tient à la récurrence des manifestations, à la hausse du niveau de violences mais aussi au choix des autorités judiciaires, en particulier à Paris, de confier à l'IGPN les plaintes relatives à l'usage de la force «quelle que soit la gravité des faits».

Au cœur des polémiques sur le maintien de l'ordre, l'usage des lanceurs de balle de défense (LBD) et des grenades à main de désencerclement, accusées d'avoir blessé ou mutilé plusieurs manifestants, a baissé en 2019 : 10 785 tirs de LBD ont été recensés contre 18 976 en 2018 (-43 %) et 3 244 grenades contre 5 420 l'année précédente (-40%).