France

Vente avortée des Mistral à Moscou : la France a cédé sous la pression de la Pologne

Le refus de livrer à la Russie les porte-hélicoptères en 2014 s’est avéré être décidé suite à une «pression considérable» portée par l’Europe orientale, plus particulièrement la Pologne, d’après les membres du Sénat français.

«Au moment de livrer les bateaux, nous avons subi d'importantes pressions des pays d'Europe orientale, sans parler des pays baltes, dans le cadre de l'assemblée parlementaire de l'OTAN», a avoué le membre de la commission des Affaires étrangères du Sénat français Daniel Reiner, lors de l’examen du rapport sur l’annulation de l’accord de livraison des Mistral à la Russie.

Le document a été présenté au Sénat le 23 septembre, dans le cadre des débats sur la loi autorisant la rupture de l'accord commercial. L'auteur du rapport, Robert del Picchia, a quant à lui précisé qu'il s'agissait plus particulièrement de la Pologne.

«La Pologne avait en effet menacé d'interrompre les négociations, qui portaient sur cinquante hélicoptères Caracal pour un montant de 2,5 milliards d'euros, si nous livrions les bateaux», a déclaré Robert del Picchia au Sénat.

Pertes financières encore plus importantes

Lors du débat sur le sujet au Sénat, les membres de la commission ont également évoqué les pertes de l’Etat français suite à l’annulation de la vente des porte-hélicoptères, qui pourraient atteindre quelque 250 millions d’euros, et ce même si les Mistral sont revendus à un autre acheteur.

«Nous avons subi des pressions pour annuler la vente des Mistral, mais qu'avons-nous obtenu en contrepartie ? La DCNS récupère le prix de revient de leur fabrication, mais il faut ajouter les coûts de «dérussification» du bâtiment, d'entretien, de gardiennage, qui seront supportés par l'État», a noté le sénateur Joël Guerriau.

Ces coûts pourront pourtant, d’après le projet de loi sur cet accord, atteindre 56,8 millions d’euros, alors que le manque à gagner pourrait se chiffrer à 500 millions d’euros.

Les pertes seront toutefois moins importantes si l’accord de vente des Mistral à l’Egypte est mis en œuvre, atteignant en ce cas quelque 200-250 millions d’euros, d’après une déclaration sur le site du Sénat.

Les bâtiments de projection et de commandement de type Mistral auraient dû être livrés à la Russie en octobre 2014, mais le côté français a refusé de le faire, invoquant comme raison officielle pour cette décision «la situation en Ukraine».

La livraison d’armement à la Russie n’a pourtant pas été inscrite dans les sanctions adoptées par les pays occidentaux contre Moscou.

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Suite à l’officialisation de la rupture du contrat avec Moscou le 5 août, Paris a remboursé les 950 millions d’euros versés auparavant par le côté russe dans le cadre du contrat.

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Les autorités avaient par la suite évoqué plusieurs acheteurs potentiels pour les bateaux, avant d’annoncer la conclusion d’un accord avec l’Egypte sur leur acquisition possible.

Un gouvernement français inféodé aux Etats-Unis

Le président du FNJ France, Gaëtan Dussausaye, qualifie la décision de François Hollande de faute historique et précise que cette situation montre la faiblesse des hommes politiques au pouvoir. «Il est certain que cette énième épisode montre que finalement le gouvernement français ne décide absolument plus à rien dans sa politique étrangère, dans sa politique internationale, et que finalement ils sont dans une espèce de soumission constante aux désirs et aux ordres de Barack Obama, c’est-à-dire des Etats-Unis», a-t-il conclu.

Gaëtan Dussausaye est de plus persuadé que les débats autour de l’annulation de la vente des Mistral à la Russie, au sein de l’OTAN donc, sont la preuve que «la France est complètement soumise aux directives et aux ordres de Washington et de l’état américain».

D’après lui, «les seuls intérêts qui doivent compter dans une politique étrangère d’un Etat digne de son nom sont les intérêts nationaux» ce qui n’est pas le cas pour la France.

Pour cette raison, il propose de changer immédiatement l’orientation de la politique étrangère. «Nous voulons impérativement l’émergence d’un monde multipolaire. Nous sommes très éloignés finalement de ces confrontations entre les blocs, un bloc de l’est et un bloc de l’ouest. Cette confrontation que nous avons eu pendant la guerre froide, nous sommes très éloigné de tout ça. Est-ce qu’il faut faire émerger ce monde multipolaire ? La France a un devoir là-dessus. Elle a un devoir, elle a un rôle, de permettre l’émergence de ce monde multipolaire et pour cela elle doit travailler avec tout le monde, pas plus avec les pays qui font partie de l’OTAN sous l’autorité des Américains, qu’avec les pays qui constituaient récemment le bloc soviétique. La France doit être l’intermédiaire entre ces deux blocs pour ainsi permettre l’émergence d’un monde multipolaire», a-t-il précisé.