Est-ce bientôt la fin des «thérapies de conversion», utilisées comme tentative de changer l'orientation sexuelle des gays ? «La proposition de loi visant à interdire les thérapies de conversion sur laquelle je travaille depuis deux ans est enfin déposée», s'est ainsi félicitée sur Twitter, le 3 juin, la députée de La République en marche (LREM), Laurence Vanceunebrock. Elle estime qu'il s'agit là d'une «réponse essentielle à l'attente des victimes», et «espère une date prochaine pour l'examen de cette loi à l'Assemblée nationale».
Elle a également expliqué sur France Inter que les stages de conversion seraient également interdits : «Malheureusement, les parents parfois envisagent ce genre de thérapie comme un secours, persuadés que la parole de Dieu va sauver leur enfant.»
La parlementaire dénonce en outre des thérapies médicales employées dans ce sens : «Dans une ou deux cliniques du sud de la France, on pratique des injections d'hormones, ou des électrochocs (sismothérapie), techniques utilisées en 39-45 sur les résistants ! C'est fait par de vrais médecins, de vrais psychiatres : un témoignage explique qu'au bout d'un quart d'heure d'entretien, des jeunes étaient déjà placés sous perfusion de Valium, avec pour conséquences de sévères pertes de mémoire ou des dépressions.»
En ligne sur le site de l'Assemblée, la proposition de loi rappelle notamment que «dès 2015, un rapport du Haut‑Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme appelait à l’interdiction des "thérapies de conversion", soulignant l’inquiétude grandissante face à des "pratiques contraires à l’éthique, dénuées de fondement scientifique, inefficaces et, pour certaines d’entre elles, constitutives de torture"».
En propos liminaire, le texte explique que «l’article 1er crée une infraction spécifique dans le code pénal pour condamner les pratiques, comportements et propos répétés visant à modifier ou à réprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre vraie ou supposée d’une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale».
Le projet prévoit par ailleurs «des facteurs aggravants pour prendre en compte la situation des mineurs, public particulièrement victime de ces "thérapies"».
Cela permettra des plaintes et des poursuites sur ce «thème bien spécifique», et d'établir des «statistiques» qui n'existent pas aujourd'hui en France, souligne-t-elle auprès de l'AFP.
Parmi les soutiens de cette loi, le député de La France insoumise (LFI) Bastien Lachaud qui a épaulé la parlementaire LREM lors d'une mission d'information sur le sujet. Il propose de cosigner le texte «lorsque le groupe LREM autorisera les signatures transpartisanes».