«Vous n'êtes pas satisfaits de ce gouvernement ? Nous non plus. Mais que proposez-vous à la place ?» : c'est par ces questions «légitimes et implacables» que le projet Le Gouv présente la genèse de sa démarche dans les premières lignes de sa «Constitution», consultable sur son site internet.
«Le Gouv est un générateur d'idées et de solutions qui met en scène un gouvernement à but non lucratif afin de montrer qu'une autre politique est possible», peut-on lire sur le compte Facebook de cette initiative citoyenne lancée officiellement le 31 mai, «après de nombreux mois d'échanges, de rencontres et de défis».
«Présidence plurielle» et «ministres» issus de la société civile
Déplorant une déconnexion croissante entre les citoyens français et les partis politiques − illustrée notamment par les importants taux d'abstention lors des élections présidentielles et européennes, ainsi que par la baisse impressionnante du nombre d'adhérents aux partis − l'objectif clairement affiché de l'organisation est «de faire émerger une alternative politique équilibrée et représentative des attentes d'une majorité des Français qui ne dispose d'aucune véritable représentation politique».
Pour son fonctionnement, Le Gouv explique puiser «dans la tradition anglaise du shadow cabinet» afin «de démontrer par l'exemple ce que proposerait un cabinet qui serait constitué d'une élite véritable d'hommes et de femmes soucieux de leur population et compétents dans leurs domaines, avec le bien commun comme unique feuille de route et les cahiers de doléances populaires à leur disposition comme base de travail».
Cette «élite véritable» est en réalité constituée de membres de la société civile (non-professionnels de la politique) rassemblés autour de revendications inspirées «des principes du Conseil national de la Résistance». Ainsi, 17 citoyens venus de toutes les classes sociales, de plusieurs régions de France et de tous bords politiques forment «la présidence plurielle» du mouvement, chargée de définir «les grandes lignes de chaque sujet au vote majoritaire» et de délivrer «un arbitrage entre ministres en dernier recours». Cette «présidence plurielle» a ensuite nommé 24 ministres qui seront responsables «de la bonne marche de son équipe».
Par ailleurs, chaque Français peut «intégrer un ministère en tant qu'expert ou citoyen-expert, mais aussi [s']inscrire aux tirages au sort pour participer à l'un des comités citoyens présents dans chaque ministère».
Un projet soutenu par des Gilets jaunes et personnalités de gauche
Cette initiative citoyenne, qui vise «en particulier la liberté du peuple français par l’établissement de la démocratie la plus large et la souveraineté de son Etat», a obtenu un écho favorable de plusieurs personnalités publiques et habituées du débat politique.
Sur Twitter, la militante Gilet jaune Priscillia Ludosky a par exemple témoigné de son soutien : «Un projet est né : LeGouvOfficiel, à but non lucratif, et composé de 24 ministères et de membres de [tous] bords politiques, il a [pour] objectif de démontrer par l'exemple, ce que proposerait un cabinet qui serait constitué d'hommes et de femmes soucieux de la population.»
Dans un autre tweet, relayé par le Gilet jaune Jérôme Rodrigues, l'avocat Régis de Castelnau et les économistes Jacques Nikonoff et Claude Rochet ont également apporté leur soutien à ce projet. «Pour la justice dans notre pays, un impératif : la restaurer dans sa fonction fondamentale de contrôle impartial de la société», estime d'abord Régis de Castelnau.
«Développement et défense des industries stratégiques, lutte contre le pouvoir de la finance, lutte contre la rente, voilà les quelques clés de la recette», ajoute pour sa part Claude Rochet.
Une mission : «apporter la contradiction au gouvernement officiel»
«Le Gouv s'est donné pour mission d'apporter la contradiction au gouvernement officiel de la République française, et une partie de ses attributions consiste à commenter ses propositions ainsi qu’à y répondre», peut-on lire à la fin de la Constitution de ce «gouvernement à but non lucratif».
Le mouvement se définit encore comme «un processus, une expérience qui ne vise pas le spectacle électoral mais s'inscrit dans une nouvelle dynamique» afin «de proposer aux Français des solutions et outils complets pour construire le monde qu'ils désirent et bâtir un avenir commun».
Le gouvernement officiel y prêtera-t-il l'oreille ?