Plusieurs médias, comme France Inter, se sont fait l'écho cette semaine d'une fronde menée le 11 mai par des étudiants de la prestigieuse école de commerce HEC. Du fait de l'épidémie de Covid-19, HEC avait prévu de faire passer les examens finaux à distance à partir du 25 mai. Les élèves devaient alors utiliser des logiciels de surveillance sur leurs appareils électroniques.
Une pétition d'élèves a récolté en 24 heures, selon la radio publique et L'Express, «300 signatures, sur les 900 étudiants concernés par ce nouveau fonctionnement». France Inter a pu obtenir lecture de cette lettre ouverte, dans laquelle les pétitionnaires s'inquiétaient de «l'utilisation de deux logiciels, le service de réunion en vidéo Zoom mais surtout la plateforme Proctorio, conçue pour surveiller automatiquement les étudiants, leur environnement et leur comportement».
Comme le précise le logiciel Proctorio, celui-ci peut «accéder à toutes vos données sur les sites web que vous consultez et les modifier», «effectuer une capture-écran», «modifier vos paramètres de confidentialité», «gérer vos téléchargements»... Et France Inter de préciser que l'application peut «suivre les mouvements des yeux» et «également filmer et stocker une vidéo de l'étudiant à certains moments, accessible ensuite à l'équipe pédagogique en cas de doute».
Aux Etats-Unis, la plateforme serait largement utilisée, Proctorio pouvant s'adapter aux exigences de l'école et/ou des professeurs. Dans la pétition, les étudiants affirment que «la plateforme Proctorio exige, avant – et parfois pendant – l’examen, un scan à 360° de la pièce dans laquelle l’étudiant subit l’épreuve». «Cette pièce peut de surcroît être filmée durant la totalité de l’examen, par Zoom comme par Proctorio», ajoutent-ils. Une étudiante témoigne auprès de France Inter que les logiciels de surveillance l'obligent à prendre son ordinateur «et faire le tour à 360 degrés de la pièce» où elle se trouve, «pour vérifier» qu'elle n'a «pas de poster avec des choses écrites, pas de bouteille d'eau avec une étiquette»... «Bref que je n'ai pas d'antisèche sur le mur», décrit-elle. Les jeunes dénoncent aussi la possible inégalité entre eux, du fait, par exemple, des différences de qualité de la connexion ou de la possession ou non d'une webcam.
Assumant cette méthode, l'un des dirigeants de l'école leur aurait répondu que «la surveillance en ligne [était] d'ailleurs totalement soutenue par le ministère de l'Enseignement supérieur».
Le 22 mai, la direction envoie un autre mail, consulté par L'Express, en concédant le report d'une semaine des examens. «Dimanche soir, nous avons reçu une menace basée sur un décret [...] Nous étions exposés au risque qu'un ou plusieurs étudiants nous assignent en justice et que les examens soient de ce fait annulés», écrit Marc Vanhuele, directeur délégué, qui note que le décret «précise que les étudiants doivent être avertis deux semaines avant la tenue des partiels d'une possible surveillance». L'école n'était pas dans les clous en termes de délai. Elle a donc décidé de repousser d'une semaine ces examens, tout en ouvrant la voie «en dernier recours», selon France Inter, à une session en présentiel sur le campus fin août 2020.