Le constructeur français Renault envisagerait d'arrêter définitivement la production automobile à l'usine de Flins (Yvelines) qui assemble la citadine électrique Zoe et la Nissan Micra, selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP après la publication d'un article du Canard enchaîné. Renault doit dévoiler le 29 mai les contours d'un vaste plan d'économie de 2 milliards d'euros annoncé en février.
Le Canard enchaîné affirme ce 20 mai que «quatre usines seraient fermées en France : Choisy-le-Roi, Dieppe et les Fonderies de Bretagne, pour commencer», puis précise : «Le gros morceau – Flins [...] – viendra plus tard.»
L'AFP rectifie légèrement les informations du Canard en citant une autre source : «A Flins, il ne s'agit toutefois pas d'une fermeture mais de l'arrêt de la production automobile pour consacrer le site à une autre activité.» Une dernière source de l'AFP assure que la fermeture pure et simple de l'usine n'était pas d'actualité, sans exclure qu'elle ait été envisagée.
L'Etat français, premier actionnaire de Renault avec 15% du capital, a pourtant accepté de voler au secours de l'entreprise en lui garantissant un prêt bancaire d'environ 5 milliards d'euros. Ce prêt garanti par l'Etat, et approuvé par l'Union européenne, était tout proche d'être signé le 19 mai au soir, selon une source de l'AFP.
Est-ce que les 5 milliards que le gouvernement s'apprête à prêter vont servir à restructurer l'entreprise ?
La directrice générale par intérim, Clotilde Delbos, avait déjà fait savoir fin avril que ce prêt ne remettait pas en cause le plan d'économies de Renault, ni d'éventuelles suppressions d'emplois, la seule condition fixée par le gouvernement étant le renoncement aux dividendes versés aux actionnaires cette année.
Mais dès le mois de février, la direction avait évoqué la possibilité de fermer des sites en France et à l'étranger lors de la présentation des résultats annuels en lâchant : «Nous n'avons aucun tabou et nous n'excluons rien.»
Un comité central social et économique (CCSE) de Renault est prévu le 28 mai au soir, puis un conseil d'administration, selon des sources syndicales évoquées par l'AFP. «Il y a des discussions. Rien n'est figé», a souligné une source proche du dossier, sous couvert d'anonymat auprès de l'AFP.
«Impensable !», s'insurge Martinez
En réaction à ces révélations, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, a jugé ce 20 mai «impensable» que la direction de Renault veuille fermer quatre sites en France, alors que le gouvernement «veut réindustrialiser le pays». «Quand on veut réindustrialiser le pays, c'est impensable!», a-t-il ainsi réagi sur RTL, invitant la direction à plutôt changer «la stratégie» du constructeur automobile.
Et d'analyser : «[Cette entreprise] a besoin de reproduire des Renault en France et retravailler sur l'emploi en France. La situation de Renault n'est pas due à la crise sanitaire. Elle est due à des années de gouvernance de Carlos Ghosn [l'ancien PDG], qui a été érigé comme un dieu pendant des années et on voit les conséquences de sa stratégie. C'est cette stratégie qu'il faut changer.» Avant de s'interroger : «Est-ce que les 5 milliards que le gouvernement s'apprête à prêter à Renault vont servir à restructurer l'entreprise ? C'est un gros problème.»
Le gouvernement se veut rassurant
Plus tard dans la journée, l'exécutif s'est voulu rassurant à ce sujet : le Premier ministre Edouard Philippe a en effet assuré que le gouvernement serait «intransigeant» sur la «préservation» des sites Renault en France, si le constructeur automobile confirmait sa volonté de fermer quatre sites dans le pays.
«Il y a une forme de responsabilité de l'entreprise à avancer, à se transformer mais aussi à tenir compte des réalités du pays qui l'accueille et d'une certaine façon le fait vivre», a mis en garde le chef du gouvernement, en soulignant que si Renault était une entreprise mondiale, «sa marque française [était] évidente».