France

Un infectiologue évoque les crachats de musulmans dans la rue, le CFCM demande des excuses

Le Conseil français du culte musulman s'est offusqué des propos de l'infectiologue Pascal Astagneau qui, sur Cnews, a demandé aux musulmans d'arrêter de cracher dans la rue pour éviter de répandre le Covid-19.

Le 11 mai, le médecin Pascal Astagneau s'apprête à subir les foudres de nombreux musulmans. Ce jour-là sur Cnews, il a en effet préconisé plusieurs attitudes visant à empêcher la propagation du coronavirus. Il a dans ce cadre recommandé aux musulmans d'arrêter de cracher dans la rue, répondant à une question d'une journaliste en plateau qui lui demandait si «cracher dans la rue était dangereux pour les autres» : «Oui d'une façon générale. Bien sûr qu'il ne faut pas cracher dans la rue, surtout pas sur son voisin. C'est vraiment quelque chose qu'on évite de faire. Alors bien sûr, il y a des histoires liées à des rites religieux, Ramadan par exemple, qui font que les gens [font ça]. [...] Il faut vraiment éviter de faire cela, surtout en période épidémique.»

Le CFCM évoque des «forces malintentionnées» et des «fins inavouées»

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) s'est indigné et a demandé des excuses au médecin, par la voix de son délégué général Abdallah Zekri. Flirtant avec le complotisme, le CFCM a d'abord considéré dans un communiqué que «cette contrevérité [...] est une provocation de trop qui non seulement décrédibilise son auteur mais, plus grave, ajoute au sentiment d’islamophobie ambiante et conforte la communauté musulmane dans sa conviction que des forces malintentionnées œuvrent à anathématiser une catégorie de la société à des fins inavouées».  Le CFCM estime aussi que le propos de Pascal Astagneau «perturbe les jeûneurs dans leur dévotion et leur piété en ce mois de ferveur et de communion et les accable d’un comportement infâmant alors que l’islam prône la pureté par l’ablution».

Le CFCM demande par voie de conséquence que le professeur Pascal Astagneau présente «des excuses publiques pour ce énième opprobre qui, par sa récurrence maladive, devient, lui, proprement rituel». L'organisation menace enfin de saisir la justice.

Le recteur de la Grande mosquée d'Evry, Khalil Merroun, a lui aussi tenu à réagir : «Dans l'Islam, la propreté fait partie intégrante de la foi [...] J'ai décidé d'envoyer une lettre de protestation au directeur de la programmation de cette chaîne [Cnews], voire même de saisir le CSA.»

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont également été virulents à l'encontre de l'infectiologue.

Des textes musulmans approuvent-ils le crachat ?

Confortant les propos du professeur, le média Atlantico, par la plume de l'ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français Alain Rodier, a retrouvé des textes liés à l'Islam qui prouveraient au contraire que, durant le Ramadan, «la jurisprudence musulmane donne [...] de multiples occasions au musulman de craindre un mauvais comportement, le conduisant à cracher plutôt que d’avaler sa salive en application du "principe de précaution"».