France

Mireille Knoll : le parquet de Paris souhaite un procès pour crime à caractère antisémite

Le parquet a réclamé dans son réquisitoire que les deux meurtriers de l'octogénaire poignardée en 2018 comparaissent pour «homicide volontaire sur personne vulnérable et à raison de l'appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion».

Le parquet de Paris réclame un procès aux assises pour crime à caractère antisémite contre les deux hommes soupçonnés du meurtre de Mireille Knoll, une octogénaire juive tuée à Paris en mars 2018.

Le corps de cette femme de 85 ans, atteinte de la maladie de Parkinson, avait été trouvé lardé de 11 coups de couteau et partiellement carbonisé dans son appartement d'une HLM, dans l'est parisien. Deux suspects sont actuellement incarcérés : Yacine Mihoub, le fils d'une voisine actuellement âgé de 30 ans, qui connaissait l'octogénaire depuis l'enfance, et Alex Carrimbacus, un marginal de 24 ans.

C'est une satisfaction de voir le parquet reconnaître que madame Knoll était à la fois une vieille dame et une femme juive et qu'elle a bien été tuée pour ces deux raisons

Dans son réquisitoire définitif, le parquet demande notamment qu'ils comparaissent pour «homicide volontaire sur personne vulnérable et à raison de l'appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion». Les juges d'instruction devront décider de suivre ou non l'analyse du parquet sur le caractère antisémite de cette affaire qui avait suscité une vive indignation, un an après le meurtre à Paris de Sarah Halimi, une sexagénaire juive jetée de son balcon, dont le meurtrier a été reconnu irresponsable.

La circonstance aggravante de l'antisémitisme avait été retenue par le parquet en s'appuyant sur les premières déclarations du plus jeune des suspects.

«C'est une satisfaction de voir le parquet reconnaître que madame Knoll était à la fois une vieille dame et une femme juive et qu'elle a bien été tuée pour ces deux raisons», a réagi Gilles-William Goldnadel, avocat de la famille Knoll.

Karim Laouafi, conseil d'Alex Carrimbacus, s'est dit «surpris par la teneur des réquisitions qui mettent les deux mis en cause sur le même plan». «Mon client reconnaît sa responsabilité sur certains éléments mais il conteste fermement le crime», a-t-il ajouté.

Les avocats de Yacine Mihoub, Fabrice de Korodi et Charles Consigny, ont estimé que le caractère antisémite «n'a toujours tenu qu'aux déclarations changeantes et invraisemblables du deuxième suspect» et que la «seule responsabilité» de leur client «est d'avoir laissé pénétrer Alex Carrimbacus dans l'appartement de Mireille Knoll».

Les accusés se défaussent

Selon Alex Carrimbacus, Yacine Mihoub, très alcoolisé, a d'abord porté Mireille Knoll dans sa chambre, pendant que lui restait dans le salon. Il raconte qu'elle l'a ensuite appelé et que, lorsqu'il est arrivé dans la pièce, il a vu son camarade la poignarder à plusieurs reprises, notamment à la gorge.

De son côté, Yacine Mihoub affirme qu'il a entendu Mireille Knoll crier le nom de son acolyte et qu'il l'a vu, de l'entrée de la chambre, porter des coups de couteau, également à la gorge. La mère de Yacine Mihoub, notamment soupçonnée d'avoir nettoyé le couteau ayant potentiellement servi au crime, est également sous la menace d'un procès pour «altération ou destruction de preuve».

Concernant un éventuel mobile antisémite, Alex Carrimbacus a varié dans ses déclarations et les deux suspects ont minimisé cet aspect face aux juges. Le prévenu a néanmoins affirmé lors de la confrontation que Yacine Mihoub avait déclaré face à la victime que «les juifs étaient friqués», en ajoutant que cette dernière avait été «étonnée, sans plus».