France

Assassinat de Sarah Halimi : Kobili Traoré, drogué au cannabis, jugé irresponsable par la justice

Accusé d'avoir tué aux cris de «Allah akbar» la sexagénaire juive Sarah Halimi en 2017, Kobili Traoré, drogué au cannabis, a été déclaré pénalement irresponsable par la cour d'appel de Paris, qui écarte donc la possibilité de le juger aux assises.

Le suspect du meurtre de la sexagénaire juive Sarah Halimi dans la nuit du 3 au 4 avril 2017 à Paris échappera à tout procès, notamment aux assises, d'après une décision de la cour d'appel. La chambre de l'instruction a donc tranché entre les expertises psychiatriques contradictoires du dossier et conclu à l'abolition du discernement de Kobili Traoré au moment des faits. En proie à une bouffée délirante liée à une forte consommation de cannabis, ce jeune musulman avait roué de coups sa voisine aux cris d'«Allahu Akbar» avant de la précipiter dans la cour de leur immeuble parisien.

Avocat des enfants de la victime, Francis Szpiner a dénoncé devant la presse «une décision scandaleuse». «Ainsi l’affaire Sarah Halimi ne sera pas jugée ! Une jurisprudence vient de naître. Celui qui prend une substance illicite n’est pas responsable des conséquences !», déclare-t-il sur Twitter, annonçant par ailleurs un pourvoi en cassation.

A l'inverse, l'avocat de la défense joint par l'AFP, Thomas Bidnic, a exprimé «satisfaction et soulagement». «N'étaient en cause ici ni la lutte contre ce fléau qu'est l'antisémitisme, ni la politique pénale souhaitable contre le cannabis mais uniquement la question du discernement de Kobili Traoré au moment des faits, or celui-ci était manifestement aboli», a-t-il affirmé.

«La justice l'a dit, c'est normal mais, parfois, c'est la simple application de la loi qui apparaît comme subversive... Certains marchent sur la tête», a-t-il conclu.

La cour d'appel, dont la décision met fin à la détention du suspect, a en outre ordonné son hospitalisation et des mesures de sûreté pour une durée de 20 ans, comprenant l'interdiction d'entrer en contact avec les proches de la victime et de retourner sur les lieux.

Le 12 juillet, des juges d'instruction avaient déjà estimé, dans une ordonnance, «plausible» l’abolition de discernement de Kobili Traoré au moment des faits, synonyme d'irresponsabilité pénale et d'abandon des poursuites. Cette hypothèse avait provoqué la colère des parties civiles. Ce dossier avait relancé un débat concernant l'antisémitisme dans certains quartiers populaires sous l'influence d'un islam identitaire.

Une controverse qui sera d'ailleurs ravivée un an plus tard, en 2018, par le meurtre d'une octogénaire juive à Paris, Mireille Knoll. La qualification antisémite de ce crime avait donné lieu à un bras de fer entre la juge, qui ne l'avait pas retenue au départ, et le parquet de Paris qui la réclamait, soutenu par des organisations représentant la communauté juive. L'affaire avait pris une tournure politique quand le président Emmanuel Macron avait réclamé à la justice «toute la clarté» sur les faits, en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou en visite à Paris en juillet 2017.

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