Alors que l’exécutif a toutes les peines du monde à se sortir des nombreuses polémiques engendrées par la gestion de la crise du coronavirus, un article paru ce 6 mai dans Le Canard enchaîné ne risque pas de faire remonter la cote de popularité du gouvernement. En effet, nos confrères du palmipède révèlent que dès le mois de décembre, soit avant l’apparition du Covid-19 en Europe, Emmanuel Macron aurait été averti de la dangerosité du virus.
«Le Quai d’Orsay et l’Elysée avaient reçu des informations alarmantes dont ils n’ont tenu aucun compte», note l’hebdomadaire. Cet avertissement émanait de l’ambassadeur de France à Pékin, Laurent Bili, qui s’était entretenu personnellement avec Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian à propos «d’un dangereux virus [qui] était signalé à Wuhan», alors que de nombreux Français étaient établis dans la province du Hubei.
«Ne serait-ce que pour la protection des Français séjournant et travaillant à Wuhan, les informations venues de Pékin, via l’ambassade, méritaient mieux qu’une lecture rapide», appuie Le Canard enchaîné, rappelant la visite, le 23 février 2017, du Premier ministre de l’époque, Bernard Cazeneuve, et de sa ministre de la Santé Marisol Touraine, lors de la cérémonie d’accréditation du laboratoire de haute sécurité biologique P4 situé dans la même ville. La France avait en effet largement participé à ce qui devait être une vitrine de la collaboration franco-chinoise. En témoigne également la présence sur place à l’époque du PDG de l’Inserm, Yves Lévy, par ailleurs époux d’Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé critiquée pour sa gestion de la crise. Le laboratoire est depuis quelques semaines au centre de toutes les spéculations.
L’hebdomadaire conclut : «Quand sont parvenues à Paris, en décembre 2019, les informations relatives à l’apparition d’un nouveau virus, il était encore possible, pour un président conscient de ses responsabilités, de constituer un bon stock de masques, de tests et de respirateurs. Mais Macron n’a pas trouvé le temps d’y penser.»
Pensant voler au secours de la majorité en dénonçant une fake news, la sénatrice des Français à l'étranger, Joëlle Garriaud-Maylam s'est faite le témoin de l'audition de l'ambassadeur de France en Chine par la commission des Affaires étrangères du Sénat le matin du 6 mai. Le représentant de la France aurait admis avoir été lui-même informé le 31 décembre. La sénatrice conforte donc la théorie d'un président au fait de la dangerosité du virus très tôt (fin décembre, voire début janvier au plus tard), comme l'affirme Le Canard Enchaîné.
Cette nouvelle information vient contredire les déclarations du président de la République et de son Premier ministre, mais corrobore la version défendue par Agnès Buzyn. Le 28 mars dernier, Edouard Philippe avait assuré que «chacun pourra apprécier les moments où les gouvernements ont pris cette décision [du confinement], mais je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision». De son côté, la ministre démissionnaire assurait le 17 mars dans un entretien au Monde avoir «envoyé un message au président sur la situation» dès le 11 janvier.