France

Manifs au balcon, initiatives en ligne, interpellations : un 1er Mai au temps de la pandémie

En plus d'envahir les réseaux sociaux, d'organiser des «casserolades» ou des manifestations en ligne, certains militants, rares, ont décidé d'investir la rue pour la journée internationale des travailleurs, malgré l'interdiction due à la pandémie.

C'est un 1er Mai inédit pour les habitués des grandes manifestations traditionnelles de la journée internationale des travailleurs. Malgré l'interdiction de se rassembler en raison de la pandémie de Covid-19, certains n'entendent pas rester invisibles. 

C'est le cas de ces quelques manifestants de gauche, qui se sont rendus place de la République à Paris avec leurs banderoles. Rapidement entourés par la police et cernés par les journalistes, plus nombreux qu'eux.

Refusant de quitter les lieux malgré les sommations des forces de l'ordre, certains manifestants ont été interpellés, sous les protestations de leurs camarades, comme on peut le voir sur les images de notre reporter.

A l'autre bout de l'échiquier politique, Marine Le Pen et Jordan Bardella, respectivement présidente et vice-président du Rassemblement national, sont allés déposer une gerbe de fleurs devant la statue de Jeanne d'Arc pour l'hommage traditionnel que le parti fondé par Jean-Marie Le Pen rend chaque année à cette figure historique le 1er mai.

Le Rassemblement national a également organisé un événement en ligne, baptisé #1erMaiRN, en direct sur les réseaux sociaux, avec la participation de plusieurs cadres du parti et un discours de Marine Le Pen.

Casserolades et manif en ligne

Pour la France insoumise, la journée était placée sous le signe des casserolades et des manifestations en ligne avec les mots-dièses #1erMai et #PlusJamaisCa.

Les organisations syndicales ont également appelé à une mobilisation en ligne et aux balcons en affichant des banderoles revendicatives.

Certains se sont même affranchis de l'interdiction de se rassembler tout en respectant les distances de sécurité, comme à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) où plusieurs dizaines de personnes ont fait retentir le chant de l'Internationale sur une place publique de la ville.

Même chose devant la mairie du 18e arrondissement de Paris où quelques personnes se sont rassemblées autour du même chant révolutionnaire dont les paroles ont été écrites par le poète Eugène Pottier en 1871 lors de la répression de la Commune de Paris.

Au centre de toutes les contestations, le président Emmanuel Macron a anticipé, en postant, dès huit heures du matin, une vidéo sur les réseaux sociaux pour saluer «l'esprit du 1er Mai», avec «une pensée pour les organisations syndicales».

Le chef de l'Etat y souligne que c'est grâce «au travail, au dévouement de nos soignants, des personnels de la protection civile, des forces de l'ordre, des armées, que nous sauvons chaque jour tant de vies». Le président a également salué «l'engagement» et le «travail» des agriculteurs, fonctionnaires, salariés, indépendants et bénévoles.

Un discours accueilli sèchement par les syndicats. «Il faudra arrêter de gérer les choses avec seule une logique budgétaire. On voit l'impasse dans laquelle ça nous a amenés au niveau de l'hôpital», a réagi sur Franceinfo Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, invitant l'exécutif à des «actes». Philippe Martinez, son homologue de la CGT, s'est montré encore plus incisif : «On a l'habitude de ce genre de message du président, qui s'oublie quelques jours après. Il faut maintenant passer aux actes». «S'il soutient les "premiers de corvée", qu'il le démontre», a-t-il lancé sur France Inter.

Dès le 30 avril, des initiatives ont fleuri. Personnels soignants et militants CGT ont manifesté devant l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.

Sur leurs pancartes, on pouvait lire «SOS Hôpital public», «300 euros pour tous, tout de suite» ou «Augmentez nos salaires». Ce 1er mai au matin, Fabien Roussel (PCF) a distribué du muguet aux soignants et aux ambulanciers et pompiers devant le même hôpital public.

Ils étaient également une poignée à manifester devant l'hôpital pédiatrique Robert Debré dans le 19e arrondissement de Paris avec casseroles et banderoles.

Les Gilets jaunes sont également de la partie. D'aucuns affichant des banderoles avec la chasuble fluorescente, comme ici à Nanterre (Hauts-de-Seine), où les slogans reprennent également le terme de «Macronavirus», rendu célèbre après qu'une femme a été interpellée et mise en garde à vue durant quatre heures le 23 avril pour avoir affiché dans son jardin une banderole portant cette inscription.

A Lyon, des Gilets jaunes sont même sortis dans la rue avec leurs casseroles pour faire du vacarme malgré leur faible nombre.