Les quelque 22 000 pharmacies de l'Hexagone ont reçu la semaine dernière un fax portant en-tête du groupe pharmaceutique Créapharm, dont le siège social est basé à Reims, leur proposant d'acheter à bons prix des produits très demandés, rares en ces temps de pandémie de Covid-19, tels que des masques, du gel hydroalcoolique, des lingettes désinfectantes ou encore des sur-chaussures.
Tout dans ce fax semblait authentique, conforme et plausible jusqu'aux nom et logo de l'entreprise, laissant ainsi croire à une véritable démarche commerciale. Sauf qu'il s'agissait en réalité d'une escroquerie à grande échelle visant les pharmacies françaises. Effectivement, le groupe pharmaceutique Créapharm n'a jamais envoyé ce fax. L'expéditeur était en fait un escroc sans scrupule, d'après un article de France Bleu Champagne Ardenne publié ce 29 avril.
Le président du groupe Créapharm, Eric Placet, s'est exprimé au sujet de la supercherie, qui, selon lui, était manifeste : «Sur ce fax, l'adresse mail indiquée est mauvaise, le numéro de téléphone ne correspond à aucun numéro utilisé au sein de notre groupe et lorsque vous regardez l'IBAN de la banque, elle correspond à un compte qui se trouve en Angleterre. Evidemment, tout cela est frauduleux.»
«Il faut d'abord nous faire parvenir votre paiement»
Plusieurs pharmaciens, intéressés ou intrigués par les prix compétitifs de produits très recherchés mis en avant par le malfaiteur, ont fait part de leur expérience à France Bleu. Voici ce que l'auteur du fax leur a répondu : «Il faut d'abord nous faire parvenir votre paiement et ensuite, seulement, vous recevrez vos produits et votre facture.»
«Quand j'ai vu ce fax, je me suis dit "tiens c'est incroyable, ils proposent un produit qu'on a du mal à avoir, à un prix qui est super raisonnable en ce moment parce que les prix ont flambé d'une façon absolument incroyable sur certains articles très demandés en ce moment", et puis voilà quoi, finalement le pot aux roses a été découvert !», a ainsi relaté Thierry Delemme à France info, un pharmacien rémois victime de la supercherie.
Marion, pharmacienne dans le département de l'Aube, a bien failli elle aussi tomber dans le panneau. Après avoir entamé les démarches suite à la réception de ce fax, quelque chose lui a mis la puce à l'oreille. «Ils me proposaient de commander tout ce qui est recherché en ce moment : des sur-chaussures, des lingettes, des gels, des masques. Donc effectivement j'ai répondu à ce fax, [qui] me demandait juste mon nom et ma signature avec le cachet commercial», rapporte-t-elle. Et de poursuivre : «J'ai entamé les démarches pour commander et j'ai été méfiante quand on m'a demandé de régler mes produits avant même de les avoir reçus. Maintenant que les pharmaciens ont le droit de vendre des masques dans leurs officines, il faut redoubler de vigilance et pour ma part, désormais, je ne commanderai qu'auprès de mes fournisseurs habituels.»
Le groupe pharmaceutique Créapharm et son président ont l'intention de porter plainte pour usurpation d'identité.
Pour l'heure, selon France info, ces fax ne sont plus adressés aux pharmacies françaises. Néanmoins, il est encore trop tôt pour établir le nombre de pharmaciens qui ont été victimes de cette arnaque.