France

Edouard Philippe présente la stratégie nationale de déconfinement aux députés

Port du masque, réouverture des écoles, des commerces, des transports... Edouard Philippe détaille devant les députés les mesures que les autorités françaises souhaitent prendre afin d'accompagner le déconfinement progressif du pays.

Mardi 28 avril

Les députés votent pour le plan de confinement à 368 voix contre 100.

Après une première phase de déconfinement le 11 mai, une nouvelle étape s'ouvrira le 2 juin pour trois semaines, avec de nouvelles mesures qui dépendront du niveau de l'épidémie.

«Je donne rendez-vous aux Français à la fin du mois de mai pour évaluer les conditions dans lesquelles nous organiserons une nouvelle phase de déconfinement, et prendrons en particulier des décisions sur l’organisation des cafés, des restaurants, des vacances», a expliqué le Premier ministre.

Les rassemblements seront «limités à 10 personnes» à partir du 11 mai.

Le Premier ministre a demandé «avec insistance» aux entreprises de maintenir le télétravail «partout où c'est possible, au moins dans les trois prochaines semaines».

«Les lieux de culte pourront continuer à rester ouverts mais je crois qu'il est légitime de demander de ne pas organiser de cérémonies avant cette barrière du deux juin», déclare le chef du gouvernement. 

«Il n'y aura pas de contrôle, pas d'attestation de sortie pour les plus âgés», déclare Edouard Philippe qui appelle les personnes fragiles à prendre des précautions. 

«Il sera à nouveau possible de circuler librement sans attestation», assure-t-il en outre sauf pour les déplacements à plus de 100 km du domicile. Toujours pas de sports collectifs, de contact ou en lieux couverts. 

«Nous voulons réduire les transports interrégionaux au maximum en limitant les déplacements aux motifs professionnels et familiaux. Ce n'est pas le moment de quitter son département pour partir en week-end», déclare-t-il.

Les parcs et jardins ne pourront ouvrir que dans les départements où le virus ne «circule pas de façon active». Les plages restent fermées jusqu'au premier juin par «mesure de précaution».

«Il est certain que les trois semaines à venir seront difficiles», prévient le Premier ministre qui déclare que le port du masque sera obligatoire «dans tous les transports».

«La capacité du métro parisien sera drastiquement réduite», annonce-t-il. 

Les commerces, sauf les cafés et restaurants pourront rouvrir à partir du 11 mai. Les marchés pourront aussi être autorisés «en général».

Les commerces seront soumis à un «cahier des charges strict» pour limiter le nombre des personnes dans les établissements et la protection du personnel. Le port du masque sera recommandé pour les employés et les clients. 

«Un commerçant pourra subordonner l'entrée au port du masque», a affirmé Edouard Philippe.

«C'est fin mai, par exemple, que nous statuerons sur la réouverture des cafés et des restaurants par exemple», a déclaré Edouard Philippe. 

«Le retour de nos enfants est un impératif pédagogique et de justice sociale. Nous proposons une réouverture très progressive des maternelles et écoles élémentaires à partir du 11 mai, partout sur le territoire et sur la base du volontariat. Dans un second temps, nous pourrons envisager de rouvrir les collèges, en commençant par les cinquièmes et sixièmes. Nous prendrons une décision fin mai pour les lycées», a annoncé le Premier ministre. 

«Progressivement, nous parviendrons à une situation classique, où les Français pourront sans risque de pénurie se procurer des masques grand public dans tous les commerces», a déclaré le Premier ministre qui estime qu'il est préférable de «porter un masque» dans de nombreuses circonstances. 

Edouard Philippe a mis en garde «le risque de l'écroulement» de l'économie si le déconfinement n'était pas mis en oeuvre «progressivement, prudemment», lors de la présentation de son plan de déconfinement devant les députés.

«Nous sentons que l'arrêt prolongé de la production de pans entiers de notre économie, que la perturbation durable de la scolarisation d'un grand nombre d'enfants et d'adolescents, que l'interruption des investissements publics ou privés, que la fermeture prolongée des frontières, que l'extrême limitation de la liberté d’aller et venir [...], présenteraient pour le pays, non pas seulement l’inconvénient pénible du confinement, mais en vérité celui, bien plus terrible, du risque de l’écroulement», a déclaré le Premier ministre.

«Réserver les masques aux soignants c'était mécaniquement refuser de les distribuer à d'autres. C'est un choix difficile, c’est un choix contesté, c'est un choix que j'ai estimé nécessaire», assume Edouard Philippe. 

Protéger, tester, isoler, sont les trois points sur lequel le déconfinement devra s'appuyer selon le Premier ministre. 

«Notre système hospitalier a tenu», a estimé Edouard Philippe, mais au prix de nombreux efforts. Il considère qu'un reconfinement est un risque qu'il faut «prendre au sérieux», d'où un impératif de progressivité du déconfinement. 

«Voilà donc le moment où nous devons dire à la France comment notre vie va reprendre», a déclaré Edouard Philippe devant les députés en ouverture de son discours. 

«Jamais le pays n'avait été confiné comme il l'est aujourd’hui et de toute évidence il ne peut l'être durablement»,a-t-il ajouté, soulignant les «effets délétères» que son prolongement pourrait engendrer.  

Le Premier ministre se livre à un oral très attendu devant les députés dans lequel il doit présenter «la stratégie nationale de déconfinement». Ces annoncent interviennent dans un contexte électrique de polémiques sur la gestion de la crise par l’exécutif.

Seuls 75 députés représentatifs du panel politique, choisis par leurs partis, peuvent assister à cette séance. Un débat entre le gouvernement et ces représentants des députés est prévu. Exceptionnellement, les représentants des députés voteront pour leurs collègues, ceux qui souhaitent s'abstenir ou voter contre la position de leur parti pouvant se signaler.  

Cette présentation n'est pas sans susciter de vives controverses au sein des députés, y compris de la majorité. Des élus reprochent en effet à l'exécutif de ne pas leur laisser le temps d'examiner ces mesures qui seront votées dans la foulée et demandent le report d'une semaine du vote du plan de déconfinement.

«La droite ne votera pas ce plan», a dores et déjà annoncé le chef de file des députés Les Républicains Damien Abad, en partie pour cette raison. Les députés LR devraient s'abstenir, voire pour certains voter contre les mesures annoncées par le gouvernement.  

Autre sujet de grief : l'application controversée de traçage numérique StopCovid, qui ne fera pas l'objet d'un vote séparé et qui est donc incluse dans le plan de déconfinement. Enfin, le Premier ministre est attendu sur la très critiquée décision de rouvrir les écoles, en contradiction avec les recommandations du Conseil scientifique.