France

«Un bicot comme ça, ça nage pas» : l'IGPN saisie pour des propos racistes lors d'une interpellation

La diffusion d'images montrant une interpellation sur l'Ile-Saint-Denis, dans laquelle des policiers tiennent des propos racistes, a provoqué la saisine de la police des polices. Le préfet de police de Paris demande la suspension de deux policiers.

Le journaliste et militant Taha Bouhafs a diffusé le 26 avril sur le compte Twitter du site Là-bas si j'y suis, une vidéo dans laquelle on entend des policiers tenir des propos racistes en marge d'une interpellation sur l'Ile-Saint-Denis, selon la description faite par Taha Bouhafs.  

«Un bicot comme ça, ça nage pas», perçoit-on notamment à l'endroit du suspect interpellé. «Ah ah ! Ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied», est-il ajouté, laissant supposer que les agents ont sorti le suspect de l'eau de la Seine, toute proche. 

Sur d'autres images, on entend les policiers rire et des bruits sourds émanant du fourgon policier où l'interpellé qui, semble-t-il hurle, a été placé.

Le préfet de police de Paris demande la suspension de deux policiers

Dans un message adressé à l'AFP, la préfecture de police (PP) a affirmé le 26 avril saisir l'inspection générale de la police nationale (IGPN). Le lendemain, le préfet de police de Paris, Didier Lallement a annoncé dans un communiqué demander la suspension de deux policiers dans le cadre de cette affaire.

«Une vidéo montrant une intervention de police à l'Ile-Saint-Denis circule sur les réseaux sociaux. Le préfet de Police va saisir l'IGPN afin de faire toute la lumière sur les circonstances dans lesquelles les policiers sont intervenus et déterminer l'identité des auteurs des propos entendus», avait fait savoir la PP le 26 avril. 

Selon la préfecture, les policiers intervenaient dans le cadre d'un vol en réunion. Taha Bouhafs affirme que les effectifs de police dépendent des Hauts-de-Seine, ce que n'a pas pu confirmer l'AFP de sources policières.

Le député de La France insoumise de la Seine-Saint-Denis, Eric Coquerel, avait dénoncé une vidéo décrite comme «inacceptable». 

«Je ne sais pas ce que ce dernier a fait, je sais par contre que le 17 octobre 1961 on a retrouvé sur ces mêmes berges les corps d'Algériens noyés par la police. Entendre aujourd'hui de tels propos et comportements racistes de la part de fonctionnaires de police est une honte et une grande inquiétude», a fustigé Eric Coquerel. 

«Avec le maire de l'Ile-Saint-Denis Mohamed Gnabally, nous sommes en contact avec les autorités pour en savoir plus sur ces faits condamnables», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a lui aussi réagi sur Twitter : «Toute la lumière sera faite. L’IGPN est saisie. Le racisme n’a pas sa place dans la police républicaine.»

Le journaliste du Point Aziz Zemouri, a rapporté sur Twitter à propos de cette affaire, dans la nuit du 26 au 27 avril : «Les policiers sont d’Asnières. Ils suivaient [...] des voleurs de matériels de chantier dont l’un s’est jeté à la Seine. Il aurait été sauvé de la noyade par ceux qui l’ont traité de bicot. Le fuyard était sous mandat de recherche du [procureur] de Créteil depuis mai 2019.»