Le géant américain du commerce en ligne Amazon était assigné, le 10 avril 2020, devant le tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine), à la demande de l'union syndicale Sud Solidaires, soutenue par l’ONG Les amis de la Terre. L'union syndicale demandait la fermeture de tous les sites d’Amazon logistique France, faute selon elle d’assurer les protections nécessaires à ses 6 600 CDI et 3 600 intérimaires contre le coronavirus.
Durant l'audience ont été abordées les mesures mises en place, les entrées dans les entrepôts, les vestiaires, l'endroit où sont stockés masques et gels, mais aussi les produits vendus, loin d'être des biens de première nécessité. Le délibéré sera rendu le 14 avril à 14h.
Sud Solidaires et les Amis de la Terre demandent une astreinte de 1 million d'euros par jour si l’entreprise d'outre-Atlantique refuse d’exécuter une éventuelle décision de fermeture. Si la justice ne la suivait pas, l’union syndicale requiert que la vente se limite aux biens de première nécessité, qui ne représentent actuellement que 10% du total des achats acheminés, afin de réduire le nombre d’employés sur les plateformes.
Les plaignants s’appuient sur de nombreuses pièces faisant état d'un manque de protection des salariés. Ils disposent également d'éléments de l’Inspection du travail qui a mis en demeure la société pour des irrégularités sur quatre de ses six plateformes à Brétigny-sur-Orge (Essonne), Saran (Loiret), Lauwin-Planque (Nord) et Montélimar (Drôme). L'administration de contrôle a estimé que le groupe n'avait pas mis en place les conditions nécessaires pour éviter une «situation dangereuse» sur ces sites. Le géant de l’e-commerce regroupe jusqu’à 500 personnes sur une seule plateforme.
Amazon s'est mis en conformité sur trois d'entre elles, a fait savoir le ministère du Travail à l'AFP, le 10 avril 2020.
Dans sa communication, Sud Solidaires a affirmé que plusieurs cas de Covid-19 avaient été confirmés sur les sites et qu’un employé était en réanimation à l'hôpital.
La CGT et la CFDT n’ont pas choisi l’action judiciaire, mais ont appelé les salariés à la grève le 8 avril ou à exercer leur droit de retrait. Si les salariés n’ont pas répondu à cet appel, un certain nombre ne s’est pas présenté sur le lieu de travail. Un chiffre que la direction d’Amazon évalue à 20%, tandis que les syndicats affirment qu'il représente de 40% à 60%.
Amazon a également fait l'objet de critiques du gouvernement. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, avait estimé le 19 mars que le géant de la distribution exerçait des pressions «inacceptables» sur ses salariés, en ne payant pas ceux qui exerçaient leur droit de retrait.