Le géant de la distribution par internet Amazon exerce des pressions «inacceptables» sur ses salariés, a estimé le 19 mars le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui a aussi défendu les libraires fragilisés par la crise du coronavirus.
A la question de savoir s'il était normal que des salariés ne soient pas payés s'ils exercent leur droit de retrait pour des raisons sanitaires, le ministre a déclaré au micro de France Inter que «ces pressions sont inacceptables et nous le ferons savoir à Amazon».
Bruno Le Maire a par ailleurs estimé que les libraires, qui se disent encore plus menacés que d'ordinaire par la concurrence d'Amazon en période de confinement, «sont effectivement un commerce de première nécessité, c'est ma conviction». «Je suis prêt à regarder cette question», a ajouté le ministre, en affirmant qu'il «[comprenait] très bien l'inquiétude des libraires».
Je ne vois pas pourquoi ce serait uniquement Amazon qui récupérerait le marché au risque de fragiliser les libraires
«Je ne vois pas pourquoi ce serait uniquement Amazon qui récupérerait le marché au risque de fragiliser les libraires», a précisé Bruno Le Maire. «Je suis prêt à rouvrir cette question, à regarder avec le reste du gouvernement, avec le ministre de la Culture, avec le Premier ministre, si quelque chose peut être fait sur les librairies», a encore dit le ministre.
Mais «il faut s'assurer que nous pouvons garantir les règles de sécurité sanitaire» dans les échanges entre le commerçant et ses clients, et la «librairie ne peut pas être un lieu de rassemblement», a-t-il nuancé. Il faudrait, selon Bruno Le Maire, «que les clients viennent un par un, qu'ils ne soient pas nombreux dans les librairies, qu'ils se contentent d'acheter le livre et de ressortir immédiatement, et que ce ne soit pas - et c'est tout le plaisir de la librairie - un lieu où on flâne et où on reste longtemps».
Depuis les annulations de Livre Paris, le plus gros salon français, et d'autres événements plus modestes comme le festival Quais du Polar de Lyon, programmé du 3 au 5 avril, «suspendu jusqu'à nouvel ordre», l'inquiétude avait gagné le monde de l'édition. Les représentants du secteur tentent cependant de faire face au problème, comme la société Editis, qui vient d'annoncer des mesures de soutien financier aux libraires. Et pour leur éviter de crouler sous les parutions difficilement commercialisables, les nouvelles parutions seront reportées. Les ouvrages très attendus de Guillaume Musso, Bernard Minier ou Alexandre Jardin, attendront. Tout comme les sorties prévues le 26 mars et fin avril.
Du côté des éditeurs numériques, les promotions débarquent. Les éditions Allary ont ainsi décidé de diviser par deux les prix de leur offre numérique. Et d'autres devraient leur emboîter le pas.
Sur les réseaux sociaux, initiatives et bons conseils se multiplient pour contrer la toute-puissance du géant de la distribution.
Si les lecteurs et les librairies peinent à trouver la solution idéale face aux mesures de confinement et à la paralysie du pays, il semble que les écrivains, confinés comme tout le monde, nous réservent de belles surprises pour la sortie de crise. Car les auteurs, coupés du monde, ont une fâcheuse tendance à mettre à profit l'isolement en faisant ce qu'ils savent faire le mieux : écrire.