Un mouvement social viendra-t-il se greffer sur la crise sanitaire majeure que traverse l’Hexagone ? C’est en tout cas ce que peut laisser présager le dépôt, par la fédération de la GCT-Services (fonction publique territoriale, services locaux privés…), de plusieurs préavis de grève couvrant tout le mois d’avril, et ce afin de protester contre le manque de protection des travailleurs face à un risque de contamination au coronavirus.
«La Fédération CGT des Services publics dénonce les choix du gouvernement qui font que ce sont les masques de protection, gel hydroalcoolique et tests médicaux qui manquent alors que jamais les armes de guerre militaire ou anti-manifestant (LBD, gaz…) ne sont en rupture de stock. Terrible traduction des préoccupations et intérêts de l’Etat et des Capitalistes», est-il souligné dans le communiqué de la CGT-Services mis en ligne le 24 mars.
Dans le document, la fédération syndicale réclame entre autres «l'arrêt de tous les services non-essentiels à la continuité de la nation et la mise en autorisation spéciale d’absence des agents avec maintien intégral de traitement et des primes», «la mise à disposition immédiate de moyens de protection des agents en première ligne dans les collectivités, assurant les services essentiels et indispensables envers la population», mais également le retrait de la réforme des retraites, le dégel du point d'indice de la Fonction publique, la réduction du temps de travail à 32h hebdomadaires ou encore le rétablissement de l'ISF.
Un préavis jugé «inopportun» par le gouvernement
Une initiative peu appréciée par le gouvernement. Interrogé par BFM Business le 26 mars, le secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique, Olivier Dussopt, a exprimé ses «regrets» face à la décision de la CGT-Services. «Nous prenons acte du préavis, même si nous avons dit à cette fédération notre surprise et notre sentiment que c'était un préavis inopportun», a-t-il fait savoir.
[Le préavis de grève] vise les secteurs où les protections ne sont pas assurées.
Un commentaire qui a immédiatement fait réagir la CGT-Services dans un communiqué de presse mis en ligne le même jour. «Que monsieur Dussopt et son gouvernement fournissent des masques FFP2, du gel, des blouses, des tests de dépistage et cela massivement pour tous les agents et salariés, dont les fonctions rendent la présence nécessaire sur le terrain, réquisitionnent des usines s’il le faut… et il n’y aura aucune raison de faire grève !», a tempêté la fédération syndicale.
De son côté, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a affirmé auprès du Parisien soutenir une initiative «qui, sans être généralisée, vise les secteurs où les protections ne sont pas assurées».