Cette décision intervient après plusieurs appels du contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) Adeline Hazan. Dans un contexte de surpopulation carcérale avec plus de 70 000 détenus dans 188 établissements, l'objectif est de réduire le nombre de détenus afin de limiter la propagation du coronavirus. Dans le cadre de la loi sur l'état d'urgence sanitaire, la ministre prévoit «le retrait des établissements des détenus à qui il reste moins d'un mois de détention à faire».
On comptabilise ces derniers jours une trentaine d'entrées en prison quotidiennes contre plus de 200 habituellement
La ministre veut également une mise en place plus aisée des crédits de réduction de peine et donne l'instruction de ne plus mettre à exécution les courtes peines d'emprisonnement. La Garde des Sceaux estime que la mise en place de la diminution de la population carcérale sera «facile car la délinquance a baissé depuis quelques jours» en raison notamment de la présence de «beaucoup de policiers dans les rues». La ministre de la justice observe une diminution significative du nombre d'individus incarcérés, elle comptabilise «une trentaine d'entrées en prison quotidiennes contre plus de 200 habituellement».
Dans les prisons, la difficile mise en place d'un confinement sanitaire
Dans un pays souffrant de surpopulation carcérale chronique, avec un taux moyen de 116% et des pics à plus de 200% dans certaines maisons d'arrêt, on envisage mal comment va se mettre en place les «encellulements individuels» préconisés par la Direction de l'Administration Pénitentiaire (DAP). Ainsi, dans certaines prisons, un «confinement collectif» a été mis en place, comme à Fresnes, où les confinés ont été regroupés dans une aile de la détention. Néanmoins, la ministre assure que tous les détenus sont sous surveillance médicale et que tous les personnels à leur contact portent des masques de protection.
Des concessions pour éviter les débordements ?
Ainsi, l'objectif est double : juguler la progression de l'épidémie dans les établissements pénitentiaires et limiter au maximum les risques de révoltes. Après une première vague d'incidents dans plusieurs prisons françaises, le gouvernement français tente à tout prix d'éviter un scénario à l'italienne. La semaine dernière, de violentes mutineries ont provoqué la mort de plusieurs détenus en Italie après l'annonce par le gouvernement de la suspension des visites familiales dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.