France

1er tour des municipales : l'opposition conteste avoir été consultée par le gouvernement

Edouard Philippe a rappelé que la tenue du premier tour le 15 mars, en pleine épidémie, avait été l'objet d'une concertation avec les forces politiques. Mais la plupart des partis d'opposition dénoncent un mensonge du gouvernement et de la majorité.

«Nous avons consulté les forces politiques qui, sur le fondement des mêmes informations, ont considéré qu'on pouvait tenir ces élections», a rappelé Edouard Philippe sur France 2, le 17 mars, pour justifier le maintien du premier tour des municipales le 15 mars, en pleine épidémie du Covid-19. En réaction, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a tweeté : «Non Edouard Philippe. Vous ne nous avez rien demandé concernant le premier tour des municipales. Ne fuyez pas vos responsabilités !»

Même propos amer de la part de la présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, le 18 mars sur les réseaux sociaux : «Je répète que jamais le RN n’a été consulté par le gouvernement sur le report du premier tour des municipales. Ce mensonge répété 100 fois est vraiment suspect.»

Marine Le Pen avait déjà critiqué le 17 mars sur Europe 1, cette affirmation du camp présidentiel. Pour l'élue du Pas-de-Calais, LREM «développe des mensonges» : «Quand ils disent que tous les partis politiques ont été interrogés et consultés sur la tenue ou non du premier tour, c'est un mensonge. En ce qui concerne le Rassemblement national, nous n'avons pas du tout été consultés, je crois que La France insoumise, non plus, n'a pas du tout été consultée. [Le Premier ministre] ne nous en a absolument pas parlé, du tout durant la réunion. Je vous le confirme.»

Dès l'annonce des résultats du premier tour, au soir du 15 mars, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye ou la députée et porte-parole de LREM Laetitia Avia ont effectivement martelé de concert, sur les plateaux de télévision, que la décision de maintenir le premier tour s'était faite après une consultation des chefs de partis, avec le Premier ministre Edouard Philippe, le 12 mars. Des propos qui ont fait bondir certains partis d'opposition.

«On ne nous a pas concertés sur le premier tour, je tiens quand même à le dire», a déclaré la parlementaire de La France insoumise Mathilde Panot, confirmant une information de Franceinfo du 13 mars qui révélait que ni la France insoumise, ni le RN n'avaient été consultés sur le sujet d'un report du premier tour. La députée européenne d'Europe Ecologie Les Verts Karima Delli confirme également le 15 mars : «On n'a pas été consultés.» Le sénateur du Parti socialiste Rachid Temal est aussi outré, en s'adressant à Laetitia Avia : «Contrairement à ce qu'ont dit vos amis [de La République en marche], il n'y a jamais eu ni interrogation du Conseil constitutionnel, ni des partis politiques sur le report.»

Le Conseil constitutionnel avait même dû communiquer le 13 mars pour démentir toute information et rumeur, visant à faire croire que l'institution avait été consultée par le gouvernement pour le maintien du premier tour : «Contrairement à certains échos publiés dans des médias, le Conseil constitutionnel n’a à aucun moment et en aucune façon été consulté ou saisi d’un éventuel report des élections municipales ou d’une question qui lui serait liée.»

Selon Macron, les «familles politiques» ont exprimé «la même volonté» de maintien du 1er tour

Le 12 mars au soir, lors de son allocution, Emmanuel Macron avait par ailleurs assuré que le Premier ministre avait consulté, le matin même, «toutes les familles politiques». «Et elles ont exprimé la même volonté», résumait le président de la République durant son intervention, au sujet du maintien du premier tour.

Ce même 12 mars, après l'allocution présidentielle, l'AFP rapportait : «Le chef de l'Etat a également discuté [le 12 mars avant son intervention télévisée] avec des responsables politiques d'un possible report des élections municipales, dont le premier tour se déroule dimanche [15 mars]. Mais cette éventualité a été repoussée par ses interlocuteurs, dont le président LR du Sénat Gérard Larcher, selon des sources parlementaires.»

Ce dernier, dans un communiqué sur Twitter, a déclaré par la suite vouloir «clore une polémique qui n'est pas digne de la gravité de la situation», faisant valoir qu'Edouard Phillipe n'avait «pas envisagé le matin [du 12 mars] devant les responsables politiques du pays» de report des municipales et que le «passage au stade 3 [épidémique] n'[était] alors pas d'actualité». «Dans ce contexte, le report des élections ne me semblait, jeudi [12 mars] après-midi, pas justifié, d'autant que le gouvernement s'appuyait sur l'avis du Conseil scientifique», développe-t-il encore.