France

L'armée de l'air effectue son premier transfert de patients infectés par le coronavirus

Six patients infectés par le Covid-19 et dans un état grave, ont été évacués vers Marseille et Toulon, où ils doivent être admis dans des hôpitaux militaires. Ce transfert inédit a pour vocation de désengorger les hôpitaux saturés.

Un avion de l'armée de l'air, transportant six patients contaminés par le coronavirus, a décollé, ce 18 mars à 13h30, de l'aéroport de Bâle-Mulhouse. Ces patients, soignés dans un état grave dans des hôpitaux saturés de Colmar et Mulhouse (Bas-Rhin), ont pris place à bord d'un avion militaire (doté de capacités de réanimation) qui avait décollé plus tôt de la base militaire aérienne d'Istres (Bouches-du-Rhône). Ils seront ensuite admis dans des hôpitaux militaires de la région. 

Quelques heures avant le décollage, les patients lourdement médicalisés, avaient quitté à bord d'ambulances civiles l'hôpital mulhousien Emile-Muller pour rejoindre l'aéroport. Quatre étaient hospitalisés sur place. Les deux autres venaient de Colmar. Leur transfert a été entouré d'extrêmes précautions : l'ensemble du personnel médical était vêtu de combinaisons et portait gants et masques chirurgicaux. L'avion, un A330 MRTT de l'armée de l'air en configuration Morphée (acronyme pour «module de réanimation pour patient à haute élongation d'évacuation»), contient donc à bord, six membres d'équipage ainsi qu'une douzaine de soignants, selon la source militaire.

C'est la toute première fois qu'une telle opération Morphée est déployée sur le sol français. Les patients seront ensuite dirigés vers les hôpitaux Laveran (Marseille) et Sainte-Anne (Toulon), a précisé dans un tweet la ministre des Armées, Florence Parly.

«L'armée est sollicitée pour pouvoir transporter des malades depuis les zones où le système de santé est très contraint vers des zones où il a plus de capacités à accueillir, c'est évidemment une aide précieuse», avait souligné le 17 mars au soir sur France 2 le Premier ministre, Edouard Philippe. Ce transfert militaire, décidé par le gouvernement, a pour vocation de désengorger les hôpitaux alsaciens, notamment celui de Mulhouse, proches de la rupture en raison de l'afflux de malades atteints par le coronavirus.

Josiane Chevalier, préfète du Grand Est et du Bas-Rhin, avait auparavant déjà averti de la situation de crise. Dans une interview à France Inter le 18 mars, elle a répété que, face à «un nombre de personnes contaminées qui ne cesse de croître chaque jour», les capacités de réanimation étaient «saturées dans le Haut-Rhin» Selon elle, les hôpitaux alsaciens manquent tout autant de lits, de masques, de respirateurs que de personnel. «Il y a d'abord un besoin de compétences médicales puisque la réanimation est un service très pointu donc il faut des professionnels à spécialités», a-t-elle poursuivi, estimant que «la solidarité interrégionale pourrait être aussi intéressante».

Avec 1 820 cas et 61 décès, selon les derniers chiffres officiels, la région Grand Est est l'un des principaux foyers de contamination en France. Le Haut-Rhin est particulièrement touché depuis la tenue, fin février, d'un grand rassemblement religieux d'environ 2 000 personnes dont plusieurs membres contaminés ont ensuite propagé la maladie partout en France, jusqu'en Guyane.

Face à cette situation de crise, Emmanuel Macron avait annoncé le 16 mars au soir, le déploiement prochain d'un hôpital de campagne en Alsace, d'une capacité de 30 lits de réanimation, afin de soulager les établissements hospitaliers. Cet «élément militaire de réanimation» sera installé prochainement à Mulhouse, a indiqué le 17 mars soir le Premier ministre sans toutefois mentionner la date précise de son déploiement.