France

Covid-19 : le contrôleur des prisons demande au gouvernement de réduire la population carcérale

Face au nouveau coronavirus, la contrôleur des prisons et des associations militant pour le respect des droits des détenus ont appelé le 17 mars à réduire le nombre de détenus dans les maisons d'arrêt surpeuplées.

Dans certaines prisons, où les détenus peuvent être trois par cellule, il y a «un risque sanitaire élevé», souligne dans un communiqué le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) Adeline Hazan. 

Elle «recommande de réduire la population pénale à un niveau qui ne soit pas supérieur à la capacité d’accueil des établissements en proposant, adoptant ou suscitant toute mesure utile pour favoriser les sorties de prison et limiter les entrées».

«Nous recommandons de réduire drastiquement le nombre de détenus dans les prisons en aménageant toutes les peines qui sont de courte durée et celle des détenus âgés», a de son côté déclaré à l'AFP Cécile Marcel, directrice de la section française de l'Observatoire international des prisons (OIP).

L'association Robin des Lois plaide aussi pour «la remise en liberté des personnes placées en détention provisoire», «quand elles ne représentent pas un danger».

Ces gens pourraient sortir dans un mois, six mois ou un an, ou encore être relaxés après un séjour en prison

«Ces gens pourraient sortir dans un mois, six mois ou un an, ou encore être relaxés après un séjour en prison : on ne peut pas les maintenir en détention au vu des risques encourus», estime François Korber, de Robin des Lois.

Alors que la France est placée en confinement pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, la garde des Sceaux Nicole Belloubet a annoncé le 17 mars la suspension des parloirs pour les familles et proches des détenus pour une durée minimale de 15 jours, ainsi que l'arrêt de la plupart des transfèrements et extractions de détenus.

70 000 détenus en France

Les prisons françaises, qui comptent plus de 70 000 détenus dans 188 établissements, souffrent d'une surpopulation chronique, avec un taux d'occupation moyen de 116% et des pics à plus de 200% dans certaines maisons d'arrêt. Le 13 mars a été enregistré un premier cas de contamination au Covid-19, un détenu de 74 ans incarcéré à Fresnes (Val-de-Marne), où deux infirmières ont aussi été testées positives. La directrice des ressources humaines de cette prison a également été contaminée.

«On n'a pas de formule magique : pour faire baisser les tensions, il faut moins de gens en détention et pour cela aménager toutes les peines de courte durée : il faudrait une circulaire de la garde des Sceaux pour que les juridictions s'en saisissent», a affirmé Cécile Marcel de l'OIP.

Par ailleurs, la CGLPL demande «de procéder sans délai à la fermeture temporaire des centres et locaux de rétention administrative», où sont placés les étrangers dans l'attente de leur expulsion. «Dans un contexte de réduction drastique des vols internationaux, la perspective de reconduite des personnes retenues est mince, voire illusoire», explique Adeline Hazan.

«On observe dans certains centres une absence totale d'information de la population retenue, un hébergement collectif dans la promiscuité, le maintien de la restauration collective et un défaut complet de protection», déplore-t-elle.